Affalée sur un gigantesque lit au centre d’une pièce secrète, une « vieille femme obèse » interroge la narratrice des Forces, deuxième roman de Laura Vazquez : « Et toi ? Tu te crois en dehors ? Tu crois que tu observes ? Mais que ferais-tu sans les autres ? Et que ferais-tu sans cet ordre du monde ? Tu ne flotterais pas dans le néant ? » Cette cascade de questions donne à entendre la mélodie lancinante du livre, son inquiétude existentielle.
Depuis quinze ans, l’autrice, née en 1986, creuse la langue avec obsession. Elle bâtit une œuvre poétique – publiée dans des revues confidentielles puis en recueils et saluée par le Goncourt de la poésie 2023 –, tout en entreprenant un travail romanesque avec La Semaine perpétuelle (Sous-sol, 2021), et en faisant même une excursion du côté du théâtre avec Zéro (Sous-sol, 2024). Au fil des années, l’espace d’écriture de Laura Vazquez s’amplifie, et Les Forces est le résultat de cet élargissement.