Alors qu’il se trouve à douze jours d’un vote de confiance à haut risque à l’Assemblée nationale, le premier ministre, François Bayrou, a estimé, mercredi 27 août sur TF1, avoir « le temps de regarder les choses » avec les formations politiques dans le cadre du débat budgétaire.

Le premier ministre – qui pourrait quitter Matignon en cas de vote négatif des députés, le 8 septembre – a toutefois posé une condition avant les échanges qu’il se propose d’avoir avec les chefs de parti à compter de lundi. « Il y a une question à poser avant les négociations, c’est : “Est-ce qu’on est d’accord sur la gravité, sur l’urgence des choses ?” Et si l’on est d’accord (…), alors on ouvre des négociations », a-t-il déclaré, estimant que « la condition préalable, c’est qu’on s’entende sur l’importance de l’effort ».

M. Bayrou a expliqué ne pas avoir reçu les chefs de parti avant d’annoncer ce vote de confiance car « ils étaient en vacances », assurant avoir « d’une manière ou d’une autre échangé directement ou par intermédiaire avec les uns ou les autres ».

Si ce constat est partagé par ses opposants, la semaine prochaine, M. Bayrou s’est ensuite dit « prêt à examiner, mesure par mesure, la totalité de ce qu’[il a] annoncé » lors de son plan présenté le 15 juillet pour réduire le déficit et la dette du pays dans le cadre du budget 2026. « On ne peut pas passer en force et je ne veux pas passer en force », a-t-il précisé.

« Le gouvernement engage sa responsabilité. S’il est suivi, on ouvrira toutes les négociations nécessaires. S’il n’est pas suivi, il tombera. Mais nous aurons dit aux Français, sans la moindre ambiguïté, que c’est la vie de la nation qui est en jeu », a poursuivi le centriste. Sa « conviction » est « qu’il est impossible de poursuivre ou de porter la politique de redressement du pays s’il n’y a pas un minimum d’accord sur l’importance de ce choix », a-t-il expliqué.

« Le pays est écrasé sous la dette », a souligné le locataire de Matignon sur TF1, ajoutant que « la richesse du pays part à ceux – dont 60 % sont à l’étranger – qui nous ont prêté de l’argent ». « Le déficit est une menace pour qui ? Pour les plus faibles du pays », a-t-il ajouté, citant « les femmes seules avec enfants et les plus jeunes », et appelant derechef les partis à la « responsabilité ».

A compter de lundi, François Bayrou recevra à Matignon les chefs de parti, une semaine avant l’engagement de la responsabilité de son gouvernement devant l’Assemblée nationale, le 8 septembre, a appris l’Agence France-Presse (AFP) auprès de son entourage, mercredi 27 août.

Le premier ministre a sollicité un vote – des plus incertains – sur une déclaration du gouvernement portant sur l’état des finances publiques et le niveau d’économies à réaliser dans le cadre des textes budgétaires pour 2026. Les grandes lignes de son projet, dévoilées le 15 juillet, comprenaient 43,8 milliards d’euros d’économies.

En conseil des ministres, Emmanuel Macron a apporté « son soutien total » à la « démarche » de François Bayrou, a rapporté, mercredi, la porte-parole du gouvernement, Sophie Primas. Selon elle, le président a jugé qu’il n’y avait, de la part de l’exécutif, « ni déni de réalité ni catastrophisme » sur la situation financière de la France et a appelé à « la responsabilité les partis qui souhaitent être des partis de gouvernement ».

Mardi, lors de l’université d’été de la Confédération française démocratique du travail (CFDT), François Bayrou avait résumé le choix ainsi : le « chaos » ou la « responsabilité ». Dans une vidéo, le chef du gouvernement a répété qu’« une dette de milliers de milliards d’euros est impossible à porter ».

Dans un entretien accordé à l’AFP mercredi, Edouard Philippe, président du parti Horizons, a expliqué soutenir la démarche du premier ministre. Il a dit partager son constat « juste et inquiétant » quant aux finances publiques, tout en estimant que la confiance devait « se construire » avec les partis politiques.

L’ancien premier ministre et candidat à l’élection présidentielle en 2027 juge toutefois « assez inéluctable » une nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale en cas de blocage persistant et d’impossibilité d’adopter les textes budgétaires.

« Je crois avoir compris que le président ne voulait pas dissoudre mais n’excluait pas de devoir le faire. Qu’il ne le veuille pas, c’est possible. Qu’il n’exclue pas de devoir le faire, c’est raisonnable. Parce que si rien ne se passe, si aucun gouvernement ne peut préparer aucun budget, comment règle-t-on cette question ? Par la dissolution. Ce n’est pas du tout ce que je souhaite. Mais je mettrais en garde ceux qui affirment avec beaucoup de sérénité qu’elle est impossible. Je pense qu’elle est assez inéluctable », a-t-il expliqué.

Sur TF1 mercredi soir, François Bayrou s’est prononcé en défaveur d’élections législatives anticipées. « Est-ce qu’une dissolution nouvelle nous permettrait d’avoir une stabilité, d’avoir une volonté, d’avoir une détermination du pays et de ses gouvernants pour avancer ? Je ne le crois pas », a-t-il déclaré.

Le chef du groupe parlementaire Renaissance, Gabriel Attal, a, lui, affiché son plein soutien à M. Bayrou, mercredi matin sur France Inter. « Je ferai tout pour aider le gouvernement à tenir et François Bayrou à rester premier ministre », a-t-il fait savoir, alors que le groupe présidentiel a annoncé qu’il voterait la confiance. « Ce qui ne veut pas dire qu’on est d’accord avec l’ensemble de la copie », a précisé l’ancien premier ministre.

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