Jacques Hochmann, né en 1934 et auteur de nombreux ouvrages, est l’un des grands psychiatres français, connu pour son humanisme et sa capacité à combiner, autant à l’intention des adultes que des enfants, les différentes approches de la folie et des troubles psychiques. Dans un court essai, Introduction à une psychiatrie narrative, dédié à une femme aimée récemment disparue, il lègue à la postérité le témoignage d’une expérience menacée d’extinction : celle de la psychothérapie institutionnelle des années 1945-1990, durant laquelle le praticien et le patient étaient liés par un pacte narratif qui s’appuyait à la fois sur la biologie, la sociologie, la psychanalyse et la philosophie, en vue de prendre en charge le sujet dans sa totalité.

Sans amertume mais avec sévérité, il critique l’orientation actuelle de sa discipline, qui, en s’appuyant exclusivement sur les neurosciences, le traitement chimique et les classifications comportementales, méconnaît la nature même des maladies de l’âme, au point que les patients, soumis à ce système infernal, se croient assignés à une « identité neurodiversitaire ». Aussi sont-ils réduits à un diagnostic qui les expulse d’un véritable dialogue avec leur thérapeute, susceptible de donner un sens à leur histoire. D’où l’aggravation de leurs pathologies. Ils ne se pensent plus comme des sujets à part entière mais comme des « entités ».

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