L’Europe a retrouvé son chemin vers l’espace. Le 12 août, Ariane-6 a réussi son deuxième vol commercial, cinq mois après celui du 6 mars. Il s’agit du troisième succès consécutif pour la nouvelle fusée européenne, si l’on ajoute son envol inaugural de juillet 2024. Le rythme de lancements va pouvoir accélérer. Selon le programme initial, trois autres tirs devraient avoir lieu d’ici à la fin de l’année, avec l’objectif d’atteindre une cadence de croisière de neuf à dix lancements annuels à l’horizon 2027, soit deux fois plus que la capacité maximale d’Ariane-5, la fusée d’ancienne génération mise à la retraite en juillet 2023. Les commandes sont déjà là : 32 vols ont été réservés par des opérateurs de satellites auprès d’Arianespace, l’exploitant du lanceur fabriqué par ArianeGroup (filiale à 50-50 des industriels Airbus et Safran).
Pour l’Europe, la renaissance d’Ariane est un soulagement. Les quatre années de retard du programme, couplées à l’échec fin 2022 du premier vol commercial de la fusée italienne Vega-C, fabriquée par Avio, l’ont privée d’un accès souverain à l’espace pendant près d’un an, la rendant dépendante de SpaceX, la société d’Elon Musk, leader tout-puissant du marché. Car, dans le même temps, le lanceur russe Soyouz, qui décollait depuis le Centre spatial guyanais de Kourou, et qui était utilisé par de nombreux opérateurs de satellites, est devenu infréquentable du fait de l’agression contre l’Ukraine en février 2022.
En 2024, les Etats-Unis ont effectué 156 lancements, dont 132 par la fusée Falcon-9 de SpaceX, soit un décollage tous les deux jours. Suivent ensuite la Chine (68 vols), la Russie (17) et le Japon (7). Avec ses trois tirs (deux pour Vega et un pour Ariane-6), l’Europe n’était qu’à la septième place, derrière l’Inde (5) et l’Iran (4). Un affront, alors que le Vieux Continent s’était habitué à dominer l’industrie spatiale au début du millénaire avec Ariane-5 (vingt-sept années d’existence, 117 lancements, dont plus de 80 succès consécutifs).