Arthur Burns restera dans l’histoire comme l’un des pires présidents de la Réserve fédérale des Etats-Unis (Fed). Nommé par Richard Nixon à la tête de la banque centrale, en 1970, il est surtout connu pour avoir contribué à déclencher un cycle inflationniste extrêmement coûteux pour l’économie américaine. Il fallut une décennie pour enfin en venir à bout, au prix de millions de chômeurs et de centaines de milliers de faillites d’entreprises. Son tort ? Avoir eu la faiblesse de faciliter la réélection de Nixon, en novembre 1972.
De peur qu’un ralentissement de l’économie ne fasse perdre l’élection au président sortant, Burns choisit d’appliquer une politique monétaire accommodante au pire moment, alors que l’inflation flirtait déjà avec les 5 %. Lors de sa nomination, Nixon avait ironisé, au cours d’une conférence de presse : « Je respecte son indépendance. Cependant, j’espère qu’en toute indépendance il conclura que mes opinions sont celles qui doivent être suivies. » Burns les appliqua à la lettre jusqu’à la victoire de Nixon, qui exerça sur le président de la Fed une pression de tous les instants, comme le rappelle un article de 2006 du Journal of Economic Perspectives.
L’épisode montre que le respect de l’indépendance d’une banque centrale ne doit jamais être pris à la légère. S’en affranchir par convenance politique peut avoir des conséquences dramatiques. De ce point de vue, les pressions exercées actuellement par Donald Trump pour changer la composition du conseil des gouverneurs de la Fed sont alarmantes.
Le président américain réclame à cor et à cri de baisser les taux. Le but est de soutenir une économie américaine qui montre des signes de faiblesse et de soulager le fardeau de la dette que son inconséquente politique budgétaire est en train de faire exploser. Pour financer cette spirale, les Etats-Unis ont massivement accru leurs émissions de bons du Trésor, une tendance insoutenable sans une substantielle baisse des taux.