Lolita Sene habite à Rochefort-du-Gard (Gard), mais est née à Montpellier, en 1987. Sa mère, fan de Serge Gainsbourg et de Renaud, hésite à l’appeler Charlotte ou Lolita, les prénoms des filles respectives de ces chanteurs. Son père brandit un argument pâtissier – la connotation du dessert – pour écarter la première proposition. Ils optent pour Lolita.
La fille de Renaud est moins connue que l’héroïne éponyme du roman de Vladimir Nabokov. Dans ce livre de 1955, Dolores Haze, alias Lolita, est une jeune fille de 12 ans victime d’un prédateur sexuel de 37 ans, Humbert Humbert. Mais dans l’imaginaire collectif, Lolita est une jeune fille provocatrice, aguicheuse, perverse. Par glissement de sens, l’enfant abusée a été transformée en icône érotique. Le cliché s’est imprimé dans la langue française. Le dictionnaire Le Robert définit le nom commun lolita de la façon suivante : « très jeune fille qui suscite le désir des adultes par l’image d’une féminité précoce ».
Lolita Sene a fait les frais de ce stéréotype tout au long de sa vie. Alors qu’elle est encore toute jeune, des adultes lui parlent de ce mystérieux personnage littéraire avec un regard rempli d’insinuations. « Tu sais qui est Lolita ? », lui demandent certains, avec « une pointe de sarcasme, de désir et d’étrangeté », explique-t-elle. D’autres l’interrogent afin de savoir si elle a lu le roman de Nabokov. « J’ai l’impression qu’ils voulaient voir si cela réveillait quelque chose en moi, dans mon regard ou ma manière d’être. »