Cela ne s’était pas vu depuis 2009 : Dakar, capitale d’ordinaire ralliée à l’opposition, est désormais tenue par le parti au pouvoir au Sénégal. Depuis le 25 août, c’est Abass Fall, cadre des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef) et actuel ministre du travail, qui siège à la mairie. « Pour le Pastef, c’est une réussite complète. La cerise sur le gâteau », constate Babacar Ndiaye, politologue au West Africa Citizen Think Tank (Wathi).
« Dakar est une ville où nous sommes très populaires. Dans le parti, on se dit juste que notre dû nous revient », commente sur un ton laconique un responsable local du mouvement, sous couvert d’anonymat. Le même balaie les doutes quant à la légitimité de l’élection au suffrage indirect émis par Ngoné Mbengue, qui avait assuré l’intérim à la mairie, après l’éviction du maire sortant, Barthélémy Dias.
Ce dernier, issu du Parti socialiste sénégalais, s’était allié au Pastef pour se faire élire en 2022. Mais son compagnonnage avec le mouvement d’Ousmane Sonko a rapidement viré à l’aigre, au point de frôler la bataille rangée lors de la campagne des législatives en octobre 2024. Après l’attaque d’une caravane de militants du Pastef à Dakar, Abass Fall, qui dirige alors le parti dans la région capitale, appelle ses partisans à s’armer de machettes, avant de faire machine arrière. Plus tard, le siège de campagne de Barthélémy Dias est incendié par des inconnus armés de cocktails Molotov.