13 décembre 2024. Marine Le Pen déambule entre les chalets du marché de Noël d’Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais). Sourire en coin, la cheffe de file de l’extrême droite veut croire ce soir-là que son influence a joué, quelques heures plus tôt, dans la nomination de François Bayrou comme chef du gouvernement : « Je pense qu’Emmanuel Macron a toujours conservé en tête que ceux qui pouvaient éviter la censure [du futur premier ministre] étaient les élus du Rassemblement national [RN]. » La sentence tombée, elle avait rappelé qu’elles étaient ses préférences pour Matignon : « [François] Bayrou ou [Sébastien] Lecornu : les deux correspondent aux demandes du RN », soucieux à l’époque d’obtenir un interlocuteur plus accessible que Michel Barnier.
Neuf mois plus tard, le parti lepéniste a provoqué – avec la gauche – la chute du premier, lundi 8 septembre, auquel succède le second, dès le lendemain. Acculé par l’instabilité parlementaire et les crises gouvernementales à répétition, Emmanuel Macron a choisi pour sauver son deuxième mandat son fidèle le plus compatible avec le RN. Celui, en tout cas, qui a le moins suscité son hostilité au cours des dernières années. Une indulgence, encore évoquée le matin même par un cadre du mouvement, balayée sitôt le communiqué de l’Elysée publié.