Fin août 2019. La rentrée n’est pas tout à fait là, l’actualité tourne encore au ralenti. C’est peut-être ce qui explique qu’une photo de l’actrice Katie Holmes, « paparazzée » dans les rues de New York, fasse très vite le tour du monde : chignon noué à la va-vite et larges lunettes de soleil, l’actrice, bras levé, semble héler un taxi.
Son cardigan grège, à moitié boutonné, glisse sur son épaule et révèle… un soutien-gorge assorti. L’ensemble, en cachemire, est signé Khaite, label américain alors connu des seules initiées. Et culmine à l’époque à 2 060 dollars (environ 1 800 euros), le fameux soutien-gorge coûtant à lui seul 520 dollars.
Comment expliquer le succès de cette silhouette somme toute plutôt banale, pas vraiment scandaleuse au regard d’autres tenues bien plus explicites ayant émaillé l’histoire de la mode comme celle de la pop culture ? Si la principale intéressée a confié à l’époque ne pas avoir réfléchi au choix de sa tenue – et encore moins imaginé que celle-ci devienne virale –, on peut y voir l’un des symboles de l’émancipation féminine.
« Les dessous, à l’origine conçus pour des raisons d’hygiène et pour mettre en valeur les parties intimes du corps féminin, sont bien plus que de simples catalyseurs de désirs, écrivait déjà en 2003 Muriel Barbier dans Les Dessous féminins (Parkstone international). Ils révèlent notamment, par leur évolution au fil du temps, la libération progressive du corps de la femme ainsi que celle de tout son être dans la société patriarcale de l’Occident. »
Si, comme le rappelle l’autrice, « le terme même de dessous évoque la fonction des objets : être dessous, donc cachés », ces derniers sont, depuis plusieurs saisons, largement remis en avant sur les podiums, après quelques incursions çà et là, notamment dans les années 1980 sous l’aiguille de Jean Paul Gaultier.
Les dessous sont aujourd’hui plus que jamais, pour reprendre les termes de Muriel Barbier, « un élément raffiné de la parure », et « suivent les fluctuations de la mode. On les crée dans des formes, des matériaux et des coloris qui correspondent au goût de l’époque ». La mode est donc à la lingerie apparente, très assumée comme dans la ligne automnale de Givenchy par Sarah Burton, dans laquelle soutien-gorge et culotte haute se révèlent sous des robes et des combinaisons en résille.
On la retrouve de façon plus subtile chez Kenzo ou Miu Miu, dévoilant là un bout de caraco en soie pastel dépassant d’un jean, ici un morceau de soutien-gorge conique niché sous une bretelle de robe glissant sur l’épaule ou, tiens donc, un cardigan déboutonné. Pièces du vestiaire à part entière, ces sous-vêtements qu’on ne cache plus ont moins vocation à être traités comme un élément de séduction que comme une forme d’expression personnelle et d’affirmation. Plus question, donc, de couvrir ces seins que certains ne sauraient voir.