Quand arrive l’heure du déjeuner, Mathilde, 32 ans (elle ne souhaite pas donner son nom de famille), lève les yeux de son écran d’ordinateur et file se restaurer dans la salle de réunion de la petite agence de communication bordelaise où elle travaille depuis six ans. Plus que la perspective de déguster une salade en parlant de sa soirée de la veille avec ses collègues, c’est l’après-repas qui la ravit.
Depuis un an environ, les membres de la petite équipe dont la moyenne d’âge est inférieure à 30 ans se sont découvert une passion commune pour les jeux de société. En quelques minutes, les Tupperware vides disparaissent pour laisser la place à des boîtes de Skyjo, de Top Ten ou de Crack List. « En ce moment, on est tous obsédés par 6 qui prend !, dit, en rigolant, Mathilde. On ne joue qu’à ça. » Les parties s’enchaînent dans la bonne humeur et selon un rituel très précis. Règle numéro un : pas question de démarrer si tout le monde n’est pas là. En cas de visio avec un client, les coéquipiers attendent patiemment leur collègue pour lancer le jeu. Règle numéro deux : les points sont notés sur un fichier Excel, et, en fin de semaine, le dernier a pour mission d’apporter le petit déjeuner (avec la carte bancaire de l’agence).