On rejoint Cédric Sapin-Defour au siège des éditions Stock, et déjà il nous faut choisir : s’installer à côté de lui, ou en regard du bureau, à la « place du chef » ? On opte pour sa gauche. Etre du côté de son interlocuteur, cela lui ressemble. La question de la place s’est posée très tôt : blessé l’année de son entrée en fac de sport, il fera médecine pour des raisons « d’iniquité et de distribution, par défi, envie de faire la nique » à ces fils de chirurgiens « qui avaient les codes ». Mais ça le rend « malheureux comme les pierres »… Au doyen qui déplore le prestige dont il va se priver en faisant marche arrière, il rétorque qu’il préfère être « prof de ballon ».
Devenu enseignant d’EPS, il travaille en complément pour des structures qui accueillent les élèves en rupture de ban. « J’ai toujours eu un penchant pour les êtres cabossés », dit-il. Il se met à lire, et à la moyenne montagne, cette « pratique douce » à laquelle l’ont initié ses parents, il préfère des « activités plus vertigineuses, dites “à risque” ». Il s’en fait écho dans des chroniques d’alpinisme pour Libération ou Montagnes Magazine, et des livres, dont Gravir les montagnes est une affaire de style (Guérin, 2017). La traversée des hauteurs et l’écriture se nouent, deux versants d’un même geste.