L’administration de Donald Trump s’est lancée dans une nouvelle croisade contre la presse. Dans un e-mail envoyé aux médias, le Pentagone exige des journalistes qu’ils s’engagent à ne pas recueillir ni publier d’informations sans autorisation préalable, a révélé The Washington Post, vendredi 19 septembre. Le département de la défense américain avertit qu’il révoquera les accréditations de presse de ceux qui ne se conforment pas à cette mesure, s’il considère qu’il y a une menace pour la sécurité nationale.
« Le département de la guerre reste attaché à la transparence afin de promouvoir la responsabilité et la confiance du public », est-il écrit dans le document de 17 pages, qui utilise le nouveau nom du département de la défense, décidé par Donald Trump. « Cependant, les informations du [département] doivent être approuvées par un responsable habilité avant d’être rendues publiques, même si elles ne sont pas classifiées », ajoute le message.
En avril, le secrétaire à la défense, Pete Hegseth – ancien présentateur de la chaîne conservatrice Fox News – s’en était déjà pris à la presse après avoir été accusé d’avoir partagé avec sa famille sur la messagerie Signal des informations sur un bombardement américain au Yémen.
Selon le document envoyé vendredi, les journalistes doivent également s’engager par signature à ne pas se déplacer dans certaines parties du Pentagone. A défaut, ils perdront ou ne recevront pas d’accréditation pour accéder au bâtiment. Depuis quelque temps, les journalistes n’étaient déjà plus autorisés à traverser certaines parties du Pentagone sans être accompagnées d’un membre du personnel.
« La presse n’est plus autorisée à circuler librement dans les couloirs d’un bâtiment sécurisé », a écrit Pete Hegseth, sur X. « Il faut porter un badge et respecter les règles, sinon on rentre chez soi », a-t-il ajouté.
« Il s’agit de directives de base et de bon sens visant à protéger les informations sensibles ainsi que la sécurité nationale et la sécurité de tous ceux qui travaillent au Pentagone », a déclaré le porte-parole du département de la défense, Sean Parnell.
Depuis le début du second mandat de Donald Trump, le département de la défense américain a opéré plusieurs tours de vis pour restreindre la liberté de la presse. Au mois de février, plusieurs médias historiques du Pentagone – dont NBC News et The New York Times – ont été expulsés des bureaux qui leur étaient réservés dans le bâtiment, et ils ont été remplacés par des organes conservateurs comme la chaîne pro-Trump Newsmax. The Washington Post a également perdu par la suite son emplacement dans le Pentagone. Les conférences de presse avec les porte-paroles de Pete Hegseth ont, quant à elles, été réduites à la portion congrue.
Les restrictions ne s’arrêtent pas au Pentagone. L’agence Associated Press a notamment été bannie du bureau Ovale et de l’avion présidentiel Air Force One après avoir refusé d’utiliser le terme « golfe d’Amérique » pour désigner le golfe du Mexique, comme tente de l’imposer Donald Trump. L’affaire est toujours en instance devant un tribunal fédéral.
The Washington Post relate un événement qui illustre la nouvelle donne : dans la salle de presse du Pentagone, les photos de la trentaine de correspondants des grands médias chargés de couvrir l’actualité du département ont été retirées. Une simple feuille de papier avec l’inscription « En cours de mise à jour » a été scotchée à la place.