Mais qui est cet homme en noir, sanglé d’appareils photo et de caméras, à côté de Donald Trump ? Que fait ce 18 août Mstyslav Chernov à la Maison Blanche, entre le président américain et Volodymyr Zelensky ? On le croyait toujours empoussiéré, à filmer la guerre dans une tranchée du Donbass, en casque et gilet pare-balles ; le voilà en costume à Washington, surpris malgré lui par des caméras accréditées avant de filer, début septembre, au Festival de Deauville, et bientôt peut-être à Los Angeles pour son film À 2 000 mètres d’Andriivka, lancé dans la course du meilleur long-métrage international aux prochains Oscars.
L’Ukrainien était déjà à Los Angeles, en 2024, pour 20 jours à Marioupol, sacré meilleur film documentaire : avec des confrères de l’agence américaine Associated Press, son employeur, il a filmé de l’intérieur, en mars 2022, le siège par l’armée russe de la ville ukrainienne de Marioupol et le martyre des civils. Un document unique. « C’est le premier Oscar de l’histoire ukrainienne, j’en suis honoré », explique sur scène le cinéaste, qui ajoute aussitôt : « Je vais probablement être le premier réalisateur à dire : “J’aurais aimé n’avoir jamais fait ce film”. »
Ses mots percutent l’assistance, et, fait rare, l’intermède musical réservé aux lauréats trop bavards ne vient pas le chasser de la scène et laisse l’Ukrainien poursuivre sa profession de foi. « Je ne peux pas changer le passé, (…) mais nous pouvons faire en sorte de rétablir l’histoire, et que la vérité l’emporte. »