Six romans, trois récits, un livre d’histoire et un livre jeunesse… Voici les brèves critiques de onze ouvrages notables de la rentrée littéraire en cette trente-huitième semaine de l’année.

Au crépuscule, Malu creuse la terre en secret. Elle y dépose le corps d’agneaux morts, dérobés avant leur départ pour l’équarrissage. Quand elle n’est pas au collège, elle dévale à toutes jambes les chemins pentus des coteaux qui entourent sa maison, aide son père à l’aube pour la traite des brebis, se baigne dans l’eau glacée des rivières. Un jour, elle voit pour la première fois du sang couler entre ses cuisses. L’héroïne du premier roman de Clarence Angles Sabin se tient au seuil de l’adolescence, là où la fraîcheur de l’enfance se dissipe. Vivant avec son père et sa grand-mère dans une ferme isolée, nichée entre trois collines, la jeune fille est la proie d’angoisses qu’elle n’arrive à calmer qu’en s’infligeant des blessures. C’est qu’elle mesure toute la fragilité de son monde : son père est accablé par les difficultés financières de son exploitation et sa grand-mère, femme pragmatique et robuste, semble soudain perdre pied. Tandis que l’univers de Malu se fissure, le ciel se dérègle, infligeant aux habitants du hameau chaleurs infernales et orages monstrueux ; le temps l’arrache à l’enfance comme il arrache les arbres à leur sol.

Si l’écriture de Clarence Angles Sabin est jeune, par endroits trop explicative, elle ne laisse pas moins percer de très belles images, toutes nées dans le silence : silence de la grand-mère qui effleure du bout des doigts les avant-bras mutilés de sa petite-fille ; silence de la jeune fille qui aperçoit son père, le visage baigné de larmes, accroupi dans la pénombre de la bergerie. L. Hu.

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