Le poète britannique victorien Matthew Arnold appelait Oxford, où il avait été étudiant, « la cité des clochers rêveurs ». A croire que les pensées buissonnières restent retenues aux arêtes gothiques des hauts édifices de la vieille ville universitaire. Nous sommes en 1855. Dans la bibliothèque du Christ Church College, un jeune homme de 23 ans prépare ses cours. Charles Dodgson (1832-1898) y est entré pour achever ses études cinq ans auparavant. Devenu répétiteur, il vient d’être promu tutor, maître de conférences en mathématiques. Début d’une carrière de professeur. Il l’aborde avec une ardeur qu’émousse un rien d’appréhension. Il se sait gauche. Par moments il bégaie. Il écrit aussi. Des poèmes, de courtes nouvelles, qu’il publie dans des revues et qu’il signera bientôt sous le pseudonyme de Lewis Carroll. Les fenêtres de la salle de lecture où il se trouve donnent en contrebas sur un jardin où jouent des enfants. Ce sont ceux du doyen Liddell, récemment nommé à la tête de l’institution. Il y a Harry, Lorina, Edith. Et la dernière, Alice. Distraitement, il regarde. Comment pourrait-il imaginer que, pour cette fillette, il va inventer une sorte de conte merveilleux et étrange qui, encore un siècle et demi plus tard, sera lu, admiré et étudié dans le monde entier ?
05.11.2025 18:00
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