Une ancienne ministre des armées togolaise, critique virulente du pouvoir, interpellée mercredi 17 septembre, a été inculpée et placée sous mandat de dépôt, tandis que le rappeur Aamron, autre voix dissidente arrêtée, a été remis en liberté sous contrôle judiciaire, ont annoncé samedi leurs avocats à l’Agence France-Presse.

Dans un contexte de manifestations critiques du pouvoir à Lomé en juin et juillet, Marguerite Gnakadè, ministre de 2020 à 2022 et belle-sœur du président du conseil, Faure Gnassingbé, avait notamment appelé à la démission de ce dernier. Mme Gnakadè a été « inculpée et placée sous mandat de dépôt. Les charges retenues sont multiples », a déclaré son avocat, Elom Kpadé.

Elle est poursuivie pour « atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat, trouble aggravé à l’ordre public et incitation de l’armée à la révolte », a-t-il détaillé. Dans ses déclarations en juillet, elle avait aussi appelé le peuple togolais « à prendre ses responsabilités (…) pour que le changement tant attendu devienne réalité ».

Ces derniers mois, elle avait publié plusieurs tribunes pour dénoncer la gestion de M. Gnassingbé, au pouvoir depuis 2005 et qui pourrait étendre son règne indéfiniment à la faveur d’une récente réforme constitutionnelle.

Le célèbre rappeur togolais critique du pouvoir Aamron, interpellé vendredi à son domicile à Lomé, a quant à lui été remis en liberté vendredi soir. « Il a été inculpé, libéré et placé sous contrôle judiciaire », a toutefois précisé son avocat, Célestin Agbogan. Il était placé en garde à vue pour « trouble aggravé à l’ordre public, appel au soulèvement populaire et incitation de l’armée à la révolte ».

Aamron, de son vrai nom Narcisse Essowè Tchalla, avait déjà été arrêté à la fin de mai, puis libéré en juin d’un hôpital psychiatrique, où il a dit avoir été interné de force, après avoir présenté des excuses à Faure Gnassingbé. Son arrestation avait été l’un des déclencheurs des manifestations de la fin de juin, au cours desquelles au moins sept personnes ont été tuées, selon des organisations de la société civile.

Le 30 août, l’ancienne ministre des armées et le rappeur avaient marché pendant quelques minutes dans leur quartier pour soutenir un appel à manifester lancé sur les réseaux sociaux, qui n’avait pas été suivi, avant d’être bloqués par les forces de l’ordre.

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