Au quatrième étage de l’université Panthéon-Assas, à Paris, les talons des étudiants claquent sur le parquet. Ils sont une cinquantaine, tirés à quatre épingles, à attendre leur tour. Cet après-midi, la 16? promotion du master droit pénal et criminologie reçoit son diplôme, sous l’œil du procureur général Rémy Heitz. Ce dernier prend la parole et exhorte les étudiants à se réjouir : « A mon époque, nous étions très peu formés à la criminologie. Vous, vous avez cette chance », déclare-t-il, ajoutant : « C’est précieux. Cette discipline vous apportera une dimension humaine dans l’exercice de vos fonctions. » Autour de lui, futurs magistrats, avocats et officiers de police acquiescent.
Cerner les humains derrière les criminels : voilà ce que sont venues chercher Leyna, Emma et Hanna (les étudiantes citées dans l’article n’ont pas souhaité donner leurs noms de famille). A 22 ans, elles font leur entrée en master 2. Vêtue d’un ensemble jaune tournesol, Leyna se projette : « En tant que future juge d’instruction, je vais diriger des enquêtes et réclamer des peines contre des prévenus. Comment requérir une peine adaptée si je n’ai aucune base sur ce qui conduit quelqu’un à passer à l’acte ? » A ses côtés, Emma enchaîne : « Pareil. Moi, je veux devenir avocate pénaliste. Mes clients pourront être aussi bien des victimes que des auteurs de crime. Je ne peux pas me passer de clés pour les comprendre. »