Le président congolais, Félix Tshisekedi, a accusé, lundi 22 septembre, le Rwanda de « manœuvres » pour retarder la mise en œuvre, dans l’est du pays, de l’accord de paix, signé en juin entre Kinshasa et Kigali, sous les auspices des Etats-Unis. « La situation récente n’est pas reluisante (…) les choses n’évoluent pas vraiment sur le terrain », a déploré le dirigeant, qui s’exprimait à New York lors d’une rencontre avec des journalistes organisée à l’occasion de l’Assemblée générale annuelle de l’Organisation des Nations unies.
L’est de la République démocratique du Congo (RDC), en proie à des conflits depuis trois décennies, connaît actuellement un regain de tensions entre le Mouvement du 23 mars (M23), groupe armé antigouvernemental soutenu par le Rwanda, et l’armée congolaise. Pourtant, des négociations se poursuivent sous l’égide du Qatar entre le M23 et Kinshasa.
Après l’accord signé en juin à Washington, les deux parties ont pris en juillet l’engagement d’instaurer un cessez-le-feu. Mais « le cessez-le-feu tarde » à cause de Kigali, a accusé le président congolais. « Le Rwanda fait semblant d’avoir retiré ses troupes, mais, en réalité, les troupes rwandaises continuent d’être présentes sur le sol congolais et d’appuyer les supplétifs du M23 », a-t-il assuré. Selon lui, Kigali « cherche à gagner du temps pour que la crise s’aggrave ».
Félix Tshisekedi doute que « les Qataris et les Américains [aient] la patience de supporter les manœuvres du Rwanda et de son dirigeant ». « Parce que c’est de là que viennent ces manœuvres destinées à faire tarder le plus possible le processus. Nous, de notre côté, nous sommes prêts à faire la paix », a-t-il insisté.
Le président congolais a également évoqué, sans les détailler, les discussions en cours avec Washington pour un accord garantissant aux Américains une chaîne d’approvisionnement stable et directe en minerais essentiels à la fabrication de composants électroniques, dont le cobalt. En échange, Kinshasa attend notamment un renforcement de la coopération sécuritaire avec les Etats-Unis.
« Ce n’est pas simplement un bradage de nos minerais pour les intérêts de quelques individus, mais un échange de minerais contre le développement » du pays, a-t-il promis. Il a notamment évoqué des « infrastructures », « avec un accent sur l’énergie », l’industrialisation du pays et l’éducation.