Une nouvelle fois, Donald Trump a profité de la tribune qu’offre chaque année l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies (ONU), mardi 23 septembre, à New York, pour dire tout le mépris que lui inspire cette incarnation d’un multilatéralisme en proie à des crises multiples. Il a même ajouté une nouvelle accusation incongrue en assurant que l’ONU alimentait celle de l’immigration incontrôlée. Donald Trump s’est aussi acharné sur les pays européens, accusés de passivité face à cette même immigration et coupables d’une défiance vis-à-vis des énergies fossiles qui heurte frontalement le négationnisme climatique et scientifique au pouvoir à Washington.
Personne ne peut discuter le fait que l’Organisation des Nations unies va mal. Sa marginalisation et son impuissance dans les principales guerres en cours, en Ukraine, à Gaza ou au Soudan, sont là pour le rappeler quotidiennement, hélas. L’essor de groupements tels que les BRICS ou l’Organisation de coopération de Shanghaï témoigne d’ailleurs de la frustration des pays du Sud face à une organisation jugée incapable de se réformer, en grande partie du fait de la résistance de pays du Nord.
Donald Trump n’a pas manqué de railler, à New York, le dysfonctionnement d’un escalier mécanique et de son prompteur, deux reflets, selon lui, de l’état délabré de l’institution. Pour que l’allégorie ne soit pas mensongère, il aurait dû préciser que son pays, qui n’y dispose toujours pas d’un ambassadeur confirmé par le Sénat, a suspendu le versement de sa quote-part dès son retour à la Maison Blanche.
S’interroger sur les raisons de cette paralysie revient vite, en effet, à souligner la part de responsabilité du pays qui a ouvert la voie à la primauté de la force sur le droit international lors de l’invasion de l’Irak, en 2003. Le même pays paralyse l’action d’un Conseil de sécurité qui n’est plus du tout le reflet du monde quand il s’agit d’Israël.
Lors de sa première intervention à cette tribune, en 2017, le président des Etats-Unis avait fait l’éloge de la souveraineté nationale, reprenant le slogan de « l’Amérique d’abord » qui l’avait porté au pouvoir. Il avait invité ses pairs à copier son exemple, sans parvenir à expliquer comment une somme d’intérêts particuliers et d’égoïsmes nationaux pourrait automatiquement favoriser le bien commun.
Cette impasse est apparue dans une lumière crue cette année. Sa diatribe, pénible à entendre, décousue, nourrie des contrevérités et des obsessions qui font l’ordinaire de ses discours de campagne, est advenue après une guerre commerciale lancée unilatéralement par Washington et qui a frappé une bonne partie de la planète. La leçon administrée le 23 septembre aux nations a fait également suite à la suppression brutale des programmes d’aide internationale par les Etats-Unis, dont les effets dévastateurs commencent à se faire sentir. Le dernier revirement de Donald Trump sur l’Ukraine, qu’il voit désormais capable de reprendre tout le terrain conquis par la Russie, ajoute à la confusion.
« Améliorer les conditions de vie de nos peuples exige aussi que nous travaillions ensemble dans une étroite harmonie et une unité pour créer un avenir plus sûr et pacifique pour tout le monde », avait assuré Donald Trump en 2017. Huit ans plus tard, redevenu président des Etats-Unis, il a donné l’impression embarrassante d’un passager pestant et maugréant contre la dérive d’un navire, après avoir rendu inutilisable son gouvernail et lacéré ses voiles.