Outre les débuts de Demna chez Gucci, le premier défilé de Simone Bellotti pour Jil Sander a constitué un moment très attendu de la fashion week milanaise, qui se tient jusqu’au 29 septembre. La marque a été fondée par la créatrice allemande éponyme en 1968 et rachetée par le groupe italien OTB en 2021. Pilotée ces sept dernières années par Luke et Lucie Meier, elle est restée fidèle à son esthétique sobre et de bon goût que le couple chiffonnait par petites touches de couleurs dissonantes ou l’ajout de bijoux baroques. Même si les Meier n’ont jamais démérité, OTB a considéré que l’heure était au changement, et a débauché en mars la valeur montante de la fashion week de Milan, Simone Bellotti, dont les défilés chez Bally faisaient partie des plus commentés ces dernières saisons.
Pour cet Italien quarantenaire, le transfert a des airs de promotion, puisqu’il passe d’un maroquinier suisse en quête de légitimité vestimentaire (Bally) à une vraie maison de mode. « Quand je suis arrivé, mon premier réflexe a été d’essayer de comprendre l’esprit de la marque. Il faut l’étudier pour réussir à capter son élégance », explique le designer, qui, cette saison, s’est livré à un travail sur les coupes.
Les silhouettes, très lisibles avec leurs aplats de couleur, se distinguent par des détails de construction : l’arrondi des manches d’une veste, des fronces dans le dos d’un manteau, une fente traversant une jupe, une couture verticale et centrale créant le volume d’une robe… Sa collection fourmille d’idées délicates qui lui donnent un vrai cachet. « Je suis peut-être naïf, mais j’espère vraiment que les clients prendront le temps de regarder et de toucher les vêtements en boutique pour en découvrir les moindres détails », explique Simone Bellotti. Un discours qui pourrait séduire les consommateurs fatigués du rythme effréné de la mode actuelle.
Depuis que Fendi s’est séparé de son designer, Kim Jones, en octobre 2024, la marque n’a nommé aucun remplaçant. Les noms d’un certain nombre de créateurs italiens ont circulé, dont ceux d’Alessandro Michele (récupéré depuis par Valentino), Pierpaolo Piccioli (finalement arrivé chez Balenciaga), Maria Grazia Chiuri (qui a quitté Dior en mai), mais rien de concret pour l’instant. C’est donc Silvia Venturini Fendi, 64 ans, petite-fille des fondateurs de la marque et chargée des collections masculines depuis les années 1990, qui conçoit l’offre féminine depuis deux saisons. En février, elle a prouvé qu’elle était tout à fait à la hauteur de la tâche, avec un défilé anniversaire très réussi pour les 100 ans de la maison.
Cette saison, dans un décor de cubes multicolores pensé par le designer Marc Newson, on devine son envie de laisser libre cours à sa créativité : il y a de la couleur (turquoise, vermillon, toutes les nuances de rose…), des fleurs (en cuir, en bakélite, en fourrure, en dentelle), des mélanges volontairement incongrus (des cordons et des sangles de sport sur d’élégants tailleurs en soie), de la transparence, des superpositions d’imprimés…
« Fendi, pour moi, c’est la liberté d’expérimenter », défend-elle. Il y a des silhouettes moins réussies que d’autres dans ce joyeux déferlement de vêtements, mais c’est une proposition cohérente avec l’histoire de la maison et qui se détache de la tendance minimaliste dominante. Silvia Venturini Fendi aurait tort de se brider, d’autant que, dans le monde de la mode, les designers peuvent être remplacés à tout moment.