Après avoir terrassé des hordes de monstres dans les bois sombres de l’Erèbe et les abysses d’Océanos, nous voici au bout du Champ des pleurs. Cette lande aux lacs de sang est gardée par un molosse à trois têtes. Envoûté par l’incarnation maléfique du temps, le Titan Cronos, Cerbère veut nous mettre en pièces : « nous », c’est-à-dire Mélinoé, fille du maître des enfers et héroïne de Hades II (disponible sur Switch 2 et PC, jeudi 25 septembre).

La bête bondit, crache du feu et fait jaillir des têtes hurlantes du sol. Mélinoé esquive – slalomer au sein du chaos qui sature l’écran, c’est l’un des plaisirs du nouveau jeu de Supergiant Games. Entre deux assauts, elle lacère Cerbère de ses lames jumelles, à moins qu’elle ne préfère le blesser avec une arme à distance.

Depuis une vingtaine de minutes, nous avons accumulé différents dons accordés par des dieux grecs rencontrés aléatoirement. Ceux-ci sont indispensables pour ronger la barre de vie d’un gardien infernal qui a la peau dure : notre pas de course l’éblouit (merci Hermès !) et chacun de nos coups déclenche des vaguelettes (merci Neptune !). On croit être à deux doigts de l’avoir. Erreur. Pris d’un accès de confiance, nous nous approchons un peu trop près. Le canidé tricéphale riposte. Nos derniers points de vie s’évaporent. Il gagne la bataille, mais pas la guerre.

Allez, on y retourne ? Nous revoici à la Croisée des chemins, camp de base, où Ulysse, Némésis et Hécate échafaudent leurs plans pour faire tomber Cronos, usurpateur des enfers et menace pour l’Olympe. Ici, la mort nous ramène au début d’une partie, sans pour autant tout effacer : nous gardons les ressources glanées pour améliorer nos capacités et progresser à chaque tentative.

Avant de partir, une dizaine de minutes de préparation s’imposent pour la jeune princesse des enfers, déesse des cauchemars. Sa spécificité par rapport à son frère Zagreus, héros du premier opus ? Une barre de magie. C’est pourquoi nous vérifions nos invocations, tirons des cartes de tarot, choisissons notre amulette et nos armes offrant chacune, au choix, trois spécificités magiques. Il faut aussi planter des graines, marchander un peu et s’adjoindre un compagnon (crapaud, oiseau, chien ou chat).

Sans oublier d’embarquer quelques présents pour séduire dieux et héros mythologiques. Tous ces personnages au physique de rêve, tout droit sortis d’un jeu vidéo de drague, savent récompenser ceux qui prennent le temps de les séduire. Tel un pilote vérifiant son moteur et son niveau d’huile, et choisissant ses pneus avant la course, nous optimisons notre personnage. Foncer tête baissée, à moins d’activer le « mode divin » qui simplifie l’expérience, ne mène nulle part. Nous le comprenons rapidement.

Et pourtant. Nouvelle tentative, nouvel échec. Cette fois, c’est Scylla, meneuse d’un groupe de rock subaquatique – la bande-son rock fait des merveilles – qui nous laisse à terre. Un peu plus tard, c’est une créature quelconque, oubliable et pourtant fatale, qui brise notre élan. Une fois encore, la mort est au rendez-vous. Ce qui ne nous empêche pas d’y retourner.

Toujours recommencer, sans jamais lasser. C’est le tour de force de l’ambitieuse suite de Hades, succès du jeu vidéo indépendant, sorti en 2020. Comme le premier opus, cette machine bien rodée est d’abord sortie dans une version rudimentaire, en mai 2024, avant d’être progressivement enrichie et améliorée en fonction des avis des joueurs.

Les nombreux dialogues s’adaptent désormais à notre avancée, distillant des fragments d’histoire à chaque essai. Des zones cachées et des apparitions varient les plaisirs : derrière une porte peuvent surgir des alliés (Hercule, Icare, Artémis, etc.) comme un mini-boss aléatoire.

Nous pouvons également changer d’air et quitter le monde chtonien pour monter à la surface, zone secondaire riche en trésors. Hélas, lors de notre partie, un monstre marin, Charybde, nous ramène à la dure réalité. La mort nous suit comme une ombre.

Nous avançons, tombons, recommençons. Il faudra des heures d’acharnement pour enfin faire mordre la poussière à Cerbère et franchir le seuil du Tartare, antre du dieu des horloges. Nous sommes comme Sisyphe, poussant indéfiniment son rocher. Mais le Sisyphe heureux, celui d’Albert Camus. Cette progression lente, faite d’ajustements, d’essais et de recommencements épouse à merveille notre mission : tuer – littéralement – le temps.

On a aimé :

On a moins aimé :

C’est plutôt pour vous si :

Ce n’est plutôt pas pour vous si :

9 muses/10 flacons d’ambroisie.

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