[Dans Le Vertige du doute (Les Arènes, 288 pages, 22 euros), à paraître le 9 octobre, la journaliste Sophie Tardy-Joubert raconte son enquête sur le syndrome du bébé secoué qu’elle a menée pendant cinq ans. Pour explorer la vive controverse scientifique entourant cette forme de maltraitance des tout-petits, elle a assisté à des procès et des colloques, et a rencontré de nombreuses familles, médecins, avocats…]

Devant le banc des parties civiles, les parents ont posé un portrait de leur enfant, grand format. Deux billes bleues, immenses, dans le visage d’un bébé qui semble vous prendre à partie. Le procès d’assises qui s’ouvre [en décembre 2023] à Nanterre va durer une semaine. Chaque jour, les jurés, le président, ses deux assesseurs et l’avocat général dans leur robe bordée d’hermine devront faire face à cet enfant, mort à l’hôpital Necker à l’âge de 11 mois. C’est la première fois que je vois la photo du défunt au cœur d’une cour d’assises. Le président n’a pas pu refuser cela au couple qui se tient, tout en noir, sur le banc des parties civiles. Les médecins qui ont pris en charge le petit Augustin ont conclu de manière catégorique qu’il avait succombé au syndrome du bébé secoué. A deux mètres à peine du portrait d’Augustin, une femme est assise sur le banc des accusés. Elle s’appelle Noura B., a une cinquantaine d’années. Elle est mère de cinq enfants et assistante maternelle depuis la fin des années 1980. Elle a gardé des bébés presque toute sa vie.

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