Mon premier souvenir de thé, c’est celui de ma grand-mère paternelle, qui venait séjourner à la maison quand j’étais petit. C’était un thé bas de gamme, au goût âcre, dans lequel je trempais mes biscuits, j’aimais beaucoup ça. Ma passion pour le thé est peut-être née là. J’ai grandi à Bonneuil-sur-Marne [Val-de-Marne] et je passais mes étés dans le Jura. On allait chercher des volailles, du comté, des saucisses fumées chez les producteurs.

Tous les samedis midi, c’était poulet de Bresse rôti avec les haricots verts du jardin de ma grand-mère. Et les jours de fête, volaille au vin jaune et aux morilles. Les repas occupaient une place importante dans la famille, avec les amis, les voisins, les cousins. Encore aujourd’hui, chaque semaine, ma mère se met en quête des meilleurs produits, au marché d’Aligre, à Paris, ou de Maisons-Alfort.

Ma femme, Nadège, est d’origine vietnamienne et elle est toujours très créative aux fourneaux. Moi, je suis plutôt tradi, je prépare des recettes mijotées, bœuf bourguignon, pot-au-feu. Mais quand je n’ai pas beaucoup de temps, je prépare des travers de porc aux agrumes, une recette que j’ai piquée à ma femme. C’est un plat simple et rapide, qui mêle le sucré, le salé, l’acide – un équilibre parfait, totalement addictif.

Nadège et moi adorons cuisiner, manger, recevoir, et sortir aussi, surtout dans les adresses où l’on sert du vin nature. Aujourd’hui, j’ai du mal à boire autre chose, mais j’ai mis du temps à apprécier, à sortir des vins classiques, puissants et charpentés. Comme le thé, que je n’aimais qu’aromatisé, avant de découvrir toutes les subtilités des thés artisanaux.

La première fois que j’ai goûté un bon thé, c’était pendant mes études, à 20 ans, durant un stage à Pékin. J’ai toujours eu un tropisme asiatique et, cinq ans plus tard, je travaillais comme acheteur et sillonnais la Chine six mois par an pour trouver des stylos, de l’électronique et toutes sortes d’autres objets non comestibles.

Un jour, un fournisseur m’a invité dans une maison de thé à Shanghaï. Cela m’a fasciné. J’en avais un peu marre de courir sans cesse, j’avais envie de fonder une famille et de me stabiliser autour d’un produit qui m’intéresse. Le thé m’est apparu comme une évidence. C’était ça ou le hip-hop, mon autre passion, mais je n’étais pas très doué pour la musique.

J’ai eu envie de creuser le sujet du thé, de comprendre comment il développe ses parfums, comment il est cultivé, fermenté, conservé, transporté, pourquoi le thé de printemps est plus délicat et plus cher que le thé d’été, comment l’infuser pour le déguster parfaitement… Et je me suis lancé.

Il y a vingt ans, il y avait peu de monde dans ce secteur, hormis Mariage Frères et Palais des thés. Je voulais proposer une approche innovante. On a créé le mur des saveurs, qui permet à chacun de sentir les thés, on a choisi une identité graphique dynamique et accessible. Et, surtout, on a mis le paquet sur la qualité, en cherchant les meilleurs producteurs et en valorisant des démarches novatrices, biologiques, respectueuses de la nature, des travailleurs et du goût, évidemment.

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