La junte au pouvoir au Mali a radié de l’armée onze miliaires dont deux généraux, des « mesures disciplinaires » visant ces hauts gradés arrêtés début août après avoir été soupçonnés de vouloir la renverser, selon des décrets consultés mercredi 8 octobre par l’Agence France-Presse (AFP). Ces onze militaires, dont dix officiers, font partie des dizaines de soldats arrêtés début août après avoir été accusés de « tentative de déstabilisation » de l’Etat par la junte, arrivée au pouvoir après deux coups d’Etat successifs, en 2020 et 2021.
Ces arrestations se sont principalement faites au sein de la garde nationale, un corps de l’armée malienne, selon des sources sécuritaires et des proches des personnes concernées. La garde nationale est le corps d’origine du ministre de la défense, le général Sadio Camara, l’une des principales figures de la junte.
Parmi les onze militaires sanctionnés se trouve le général de brigade de l’armée de terre Abass Dembélé, une personnalité respectée au sein de l’armée. Ce haut gradé est « radié des effectifs des forces armées et de sécurité, par mesures disciplinaires, à compter de la date de signature du présent décret », qui a été publié mardi au Journal officiel.
La même mesure est prise à l’encontre de sa collègue, la générale de l’armée de l’air Néma Sagara, et huit autres officiers dont six lieutenants-colonels et deux capitaines. Un onzième militaire, un sous-officier avec le grade de sergent-chef, figure parmi la liste des bannis. Aucun commentaire officiel public n’a été fait sur ces radiations.
Un officier de renseignement français, affecté à l’ambassade de France à Bamako, avait aussi été arrêté le 15 août. Les autorités l’accusent d’avoir pris part à une conspiration contre les institutions menée par « un groupuscule d’éléments marginaux des forces armées de sécurité maliennes ». Paris avait à l’époque dénoncé des « accusations sans fondement » et demandé la « libération sans délai » de son ressortissant.
Depuis 2012, le Mali fait face à une profonde crise sécuritaire nourrie notamment par les violences de groupes affiliés aux djihadistes d’Al-Qaida et de l’organisation Etat islamique, ainsi que de groupes criminels communautaires. Elle s’ajoute à une grave crise économique.
La junte, dirigée par le président Assimi Goïta, s’est détournée des partenaires occidentaux, notamment l’ancien colonisateur français, pour se tourner politiquement et militairement vers la Russie, au nom de la souveraineté du Mali. L’armée malienne et ses alliés, les mercenaires russes d’Africa Corps, chargés notamment de traquer les djihadistes, sont régulièrement accusés de commettre des exactions contre des civils.