D’importantes manifestations contre le président des Etats-Unis, Donald Trump, ont eu lieu, samedi 18 octobre, à travers le pays, dans le cadre d’une journée de mobilisation diabolisée par la droite qui fustige un mouvement « de haine contre l’Amérique ».
Rassemblées autour du mot d’ordre « No Kings » (Pas de rois), environ 7 millions de personnes, selon les organisateurs, ont défilé pour dénoncer « la prise de pouvoir autoritaire » du président républicain. Plus de 2 700 rassemblements se sont tenus dans la journée dans les grandes villes américaines ainsi que dans des petites villes du centre des Etats-Unis, et des bourgades d’Etats républicains.
Dans le quartier de Forest Hills, à New York, des centaines de personnes se sont rassemblées en milieu de matinée et ont scandé « Nous aimons notre pays ! Nous ne supportons pas Trump ! ». Dans la capitale Washington, un important rassemblement s’est également tenu à proximité du Congrès, la foule exhortant en chœur Donald Trump à « partir », tandis qu’en Floride, des manifestants brandissaient des pancartes montrant le président grimé en Staline et en reine d’Angleterre à proximité de sa résidence Mar-a-Lago, où il passe le week-end. Des manifestations se sont également tenues au Texas, autre fief des conservateurs, notamment à Houston.
En juin, une première journée de mobilisation organisée par le même collectif qui regroupe quelque 300 associations avait rassemblé, selon lui, 5 millions de personnes, la plus grande contestation depuis le retour du républicain à la Maison Blanche. Le même jour, Donald Trump avait fêté son 79e anniversaire avec une parade militaire en grande pompe dans les rues de la capitale américaine. Lui qui avait menacé en juin de répondre aux manifestants avec une « très grande force » a sobrement commenté cette semaine sur Fox News : « Ils me qualifient de roi. Je ne suis pas un roi. »
Plusieurs figures de son parti ont, elles, dénoncé avec virulence les nouvelles manifestations, allant jusqu’à les assimiler à du terrorisme. Parlant d’une « mobilisation haineuse contre l’Amérique », le chef républicain de la Chambre des représentants, Mike Johnson, a lancé : « Je parie que vous verrez des partisans du Hamas et des antifas », mouvance antifasciste récemment classée comme « organisation terroriste » par le président. L’élu du Minnesota Tom Emmer a, lui, accusé les démocrates d’avoir cédé à « l’aile terroriste de leur parti ».
« Ne laissez pas Donald Trump et les républicains vous intimider et vous réduire au silence », a rétorqué, samedi, le chef des sénateurs démocrates Chuck Schumer, invitant les Américains à faire « entendre leur voix », dans un message sur X. Il a lui-même participé à l’un des cortèges, tout comme Bernie Sanders, autre figue de la gauche.
« Nous sommes ici parce que nous aimons l’Amérique », a déclaré M. Sanders, s’adressant à la foule depuis une scène à Washington. Il a affirmé que le modèle américain était « en danger » sous Donald Trump, mais a insisté : « Nous, le peuple, gouvernerons. »
Un appel à manifester avait également été partagé par la candidate malheureuse à la présidentielle de 2024 Kamala Harris et la star d’Hollywood Robert De Niro.
Face aux accusations du camp républicain, des manifestants ont répliqué, samedi, sur le ton de l’humour. Certains d’entre eux ont ainsi défilé vêtus de costumes incongrus de pingouin, de homard ou encore d’hippopotame, d’autres brandissant fièrement le drapeau américain en riposte aux attaques de la droite.
La précédente journée de mobilisation avait notamment rassemblé des célébrités, comme l’acteur Mark Ruffalo et l’humoriste Jimmy Kimmel, dont le talk-show a ensuite été temporairement suspendu sous la pression du gouvernement Trump.
Depuis son retour au pouvoir en janvier, Donald Trump a bouleversé l’équilibre démocratique américain, en empiétant sur les pouvoirs du Congrès et des Etats et en menaçant ses opposants de représailles judiciaires. Usant d’une rhétorique de plus en plus belliqueuse, le républicain a déployé des militaires dans plusieurs fiefs démocrates pour lutter, selon lui, contre l’immigration illégale et la criminalité et a récemment exhorté les généraux américains à se mobiliser contre l’« ennemi de l’intérieur ».
Cette nouvelle journée de mobilisation est survenue par ailleurs en pleine paralysie budgétaire de l’Etat fédéral et alors que Donald Trump a déployé des militaires dans plusieurs fiefs démocrates pour, selon lui, lutter contre l’immigration illégale et la criminalité. En signe de contestation, plusieurs rassemblements se sont tenus dans les villes où il a envoyé la garde nationale, telles que Chicago ou Los Angeles.
Des mobilisations étaient également prévues au Canada, comme à Toronto, Vancouver et Ottawa.