« Bienvenue dans le prochain désert en Europe » : la Sicile assaillie par les fléaux climatiques

Accrochée tout en haut de la ruelle, la boîte aux lettres est maculée de terre séchée. Dans la cuisine de la petite maison engoncée entre la montagne et d’autres bâtiments, des indices d’un quotidien désormais figé : les gourdes des enfants encore à moitié remplies, les pâtes qui croupissent dans un Tupperware ouvert. Dans la salle de bains, un peignoir accroché au mur, le pot des enfants qui traîne, renversé. Et partout, sur les meubles, en travers du matelas, ou dégoulinant des fenêtres, des traces de boue rappellent la violence climatique qui a déferlé ici, le 2 février.

Ce jour-là, sur les hauteurs de Saponara, dans le nord-est de la Sicile, le ciel déverse 140 millimètres de pluie en quatre heures. L’eau dévale les rues transformées en torrents de boue, qui s’engouffrent par les portes. « C’est arrivé d’un coup, nous n’avons rien vu venir. Alors nous avons pris les deux plus petits sous les bras et nous sommes allés dans la maison d’à côté, se souvient Nino Aksoy, 35 ans, un Allemand venu s’installer ici avec sa compagne et leurs cinq enfants pour travailler dans une rôtisserie. Mais nous avons survécu, nous n’avons perdu personne. C’est bien ça l’essentiel, non ? » Sa famille, comme onze autres, a dû être relogée.

Ce jour gris d’hiver, la « bomba aqua », selon les termes du maire, Giuseppe Merlino, a explosé sans prévenir. Sept mois après, la route principale attend d’être réparée. Seule la région a accordé une aide de 1,4 million d’euros, loin des 7, 5 millions d’euros de préjudices estimés. Le reste des dossiers navigue encore dans les méandres de la bureaucratie. Dans les têtes, le traumatisme est toujours là. Le jardin de la maison de Donatella Ruggeri et Manu Reggi, 36 ans, où l’on n’accède qu’après avoir emprunté une route sinueuse, a été envahi par la boue en quelques minutes. « Le temps de faire mes lacets et notre voiture était déjà bloquée par les rochers, je n’imaginais pas… Maintenant, j’y pense quand il se remet à pleuvoir », confie Manu Reggi, webdesigner.

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