Les insulaires disent « le sentier perdu », mais les touristes préfèrent le nom plus évocateur de « gueule du monstre ». Quoi qu’il en soit, la promenade ainsi nommée est la plus spectaculaire de l’île de Rurutu, 38,5 kilomètres carrés pour 2 500 habitants, perle des îles Australes, dans la partie la plus méridionale de la Polynésie française, moins connue que d’autres de par son absence de lagon, mais de ce fait plus sauvage et envoûtante. La « gueule du monstre », c’est une grotte ouverte à flanc de falaise qui surplombe l’océan et où stalactites et stalagmites se sont rejointes pour former une salle de colonnes qui, de loin, évoque effectivement la gueule d’un dragon.
De l’intérieur, on voit l’océan Pacifique s’étendre au loin. En s’approchant du bord, c’est la côte déchiquetée qui apparaît, quelques dizaines de mètres plus bas, arrosée par les vagues qui s’abattent violemment dans des gerbes d’éclaboussures blanches. De juillet à novembre passent des baleines, qui viennent dans ces eaux assez chaudes se reproduire. Certaines, très visibles depuis le sentier, font même aux spectateurs la grâce de sauter en l’air.