La terre a parlé. A quelques pas de la future piste olympique de Cortina d’Ampezzo, une faille de 30 mètres de long s’est ouverte dans le sol, fin août. Au pied du dernier pylône de la nouvelle ligne de télécabine (Appolonia-Socrepes), prévue pour transporter jusqu’à 2 400 personnes à l’heure, un dénivelé de 50 centimètres sépare désormais les deux côtés de la plaie, visible même à travers la bâche qui tente de cacher ce glissement de terrain. Les travaux sont stoppés, mais dans la vallée d’Ampezzo, à deux heures au nord de Venise, au cœur des Dolomites, l’horloge géante installée sur le Corso Italia continue de scander le compte à rebours avant les Jeux olympiques de MilanCortina qui doivent démarrer le 6 février 2026.
L’affaire du glissement de terrain a été portée en justice par les habitants de deux hameaux juste au-dessous de ces travaux. Interrogé par Le Monde, le maire de Cortina, Gianluca Lorenzi, se veut rassurant : « Ce glissement reste très superficiel », affirme-t-il, ajoutant que « toutes les précautions sont prises ». C’est aussi ce que répond la société de construction des ouvrages olympiques (Simico), pour qui « cet affaissement n’est pas surprenant, étant donné la nature bien connue du sol » et de préciser que « ce projet avait obtenu toutes les autorisations ».
Dans un rapport dévoilé par le Corriere delle Alpi, Eros Aiello, du centre de géotechnologie de l’Université de Sienne conclut pourtant que « l’excavation a été réalisée sans les études géotechniques nécessaires, dans une zone sujette aux glissements de terrain, et sans mesures de protection préalables ». La géographe Carmen de Jong, de l’Université de Strasbourg, qui suit depuis des années les effets des grands événements sur la montagne, va même plus loin et craint qu’« en cas de conditions météorologiques inhabituelles pendant les Jeux, comme un réchauffement soudain et une fonte des neiges ou des pluies intenses, la sécurité des athlètes, des équipes d’encadrement et du public ne soit menacée ».