Quand il était petit garçon, à Joliet, dans l’Illinois des années 1970, Adam Rapp entendait souvent les adultes enjoindre aux enfants de se tenir à distance des camionnettes et de refuser les propositions d’hommes qui voudraient les y faire monter sous prétexte de leur donner des bonbons ou de leur montrer des magazines. Une « sorte de psychose » circulait, raconte au « Monde des livres » l’écrivain américain né en 1968, de passage à Paris pour présenter son roman A la table des loups. « Ça créait une atmosphère angoissante, ça alimentait une imagination morbide. Et puis j’ai entendu parler de l’histoire de Gacy… » John Wayne Gacy : un homme condamné à la peine capitale pour avoir violé, torturé, tué et enterré sous sa maison 33 garçons et jeunes hommes entre 1972 et 1978, date de son arrestation. « Il habitait dans la banlieue de Chicago, à quarante-cinq minutes de chez moi. »

Mais Adam Rapp découvre que la distance entre lui et cet homme était encore plus réduite que cela quand, en 2012, il reçoit une boîte à chaussures contenant des affaires de sa mère, morte en 1997 – l’exécutrice testamentaire avait pris son temps. S’y trouve notamment un badge d’une prison où Mary Lee Rapp avait travaillé comme infirmière dans les années 1990. Là même où Gacy a reçu son injection létale en 1994. En se renseignant, l’écrivain s’aperçoit que sa mère était de service la veille de cette exécution ; elle a sans doute fait passer son ultime examen médical au tueur. « Il y avait quelque chose de fascinant à penser que cette femme simple et honnête, fervente catholique, avait côtoyé de si près quelqu’un comme lui. »

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