« Il n’y a pas seulement le vol… Nous devons veiller aux risques d’incendie, éviter les déprédations courantes : les visiteurs de plus en plus désirent voir de près, toucher. » Dans Le Monde du 12 janvier 1977, Pierre Quoniam [1920-1988], directeur du Louvre, s’exprime au lendemain du vol de l’épée du sacre de Charles X survenu dans la nuit du 15 au 16 décembre 1976. Trois malfaiteurs ont profité d’un échafaudage pour s’introduire dans la galerie d’Apollon. Deux gardiens ont été blessés ; l’épée en argent, sertie de diamants, n’a jamais été retrouvée.
Depuis le vol des joyaux de la Couronne au garde-meuble en 1792, la liste est longue des œuvres dérobées dans nos musées, notamment au Louvre. Certains épisodes sont répétés à satiété, tel le vol de La Joconde en 1911, au point d’oublier que ce tableau n’avait pas encore le statut d’icône qui est aujourd’hui le sien.
Le vol des bijoux de la Couronne le 19 octobre, à 9 h 30, est d’une autre nature, loin de l’amour de l’art ou du trafic de biens culturels. Dans les musées, les banques, et chez les particuliers, ce type de voleurs cherche ce qui se revend cher et facilement, les pierres précieuses et l’or, à l’instar des pépites volées au Muséum national d’histoire naturelle à Paris le 16 septembre. Les cambriolages dans les musées ne sont pas une nouveauté et le manque de moyens pour assurer la sécurité des œuvres s’inscrit dans le temps long.
La disparition de huit bijoux, aussi précieux soient-ils, ne va pas bouleverser nos existences. La visite du Louvre ne sera pas modifiée et la galerie d’Apollon conservera sa superbe. En 1887, une partie de ces joyaux avaient d’ailleurs été vendus par la République qui n’avait pas jugé nécessaire de les conserver dans les collections nationales. Ce n’est que récemment qu’ils les ont enrichies. La parure de saphirs de la reine Marie-Amélie [1782-1866] et de la reine Hortense [1783-1837] – dont le collier, le diadème et une boucle d’oreille volés – est entrée au Louvre en 1985. Le diadème de l’impératrice Eugénie [1826-1920], vendu en 1887, est un don des Amis du Louvre en 1992.