Comme toujours aux Etats-Unis, il y a la bonne et la mauvaise histoire. La bonne, c’est le précédent de Henry Ford (1863-1947). En 1914, le constructeur automobile décida de doubler la rémunération de ses ouvriers, qui passa à 5 dollars par jour. Ainsi fidélisait-il ses travailleurs à la chaîne et leur donnait-il du pouvoir d’achat pour acheter ses propres véhicules. Wall Street et les concurrents hurlèrent contre ces profits dilapidés mais, en un an, le taux de rotation du personnel était tombé à 16 %. En 1921, un million de Ford T étaient vendues chaque année et l’Amérique était entrée dans la société de consommation.
La mauvaise, c’est le précédent des équipementiers télécoms, tel Lucent, qui, à la fin des années 1990, prêtèrent de l’argent à leurs clients pour acheter leurs terminaux téléphoniques et subirent d’immenses pertes quand le marché se retourna.
Dans quelle case se trouve aujourd’hui le marché de l’intelligence artificielle (IA) ? Wall Street n’en finit pas de s’interroger, les acteurs du secteur étant entrés dans une curieuse économie circulaire où les fabricants de puces paient les start-up de l’IA pour qu’elles leur achètent les microprocesseurs. Tout le monde achète à tout le monde et finance tout le monde sans qu’il y ait de client final, dans des relations alambiquées. « La vague d’accords circulaires sur l’IA est-elle une situation gagnant-gagnant ou le signe d’une bulle ? », s’interroge ainsi, mercredi 22 octobre, The Wall Street Journal.