C’est un changement de rien du tout, à peine perceptible à l’œil nu. Et pourtant, il a toute son importance. En octobre, Louis Vuitton a présenté son tout nouveau modèle de montre, sous le nom de Monterey. Elégant garde-temps doté d’un mouvement mécanique à remontage automatique, il est directement inspiré de la première montre-bracelet de la maison, la LV I, qui a vu le jour en 1988 sous l’égide de l’architecte et designer italienne Gae Aulenti. Sa particularité ? Un beau boîtier rond et épais en or jaune, en forme de galet, de 40 millimètres de diamètre.
Dans la version 2025, la boîte perd 1 millimètre, et mesure donc désormais 39 millimètres de diamètre. « Réinterpréter une création existante signifie respecter son design et son esprit. Nous conservons les mêmes codes graphiques, en cherchant à les moderniser et à les sublimer, détaille Matthieu Hegi, directeur artistique de La Fabrique du temps Louis Vuitton, l’entité horlogère du groupe LVMH. Le passage de 40 à 39 millimètres de diamètre représente un raffinement subtil mais significatif. Dans le domaine exigeant de l’horlogerie, même un seul millimètre peut influencer profondément l’équilibre de la pièce et l’expérience globale de qui la porte. »
Ces derniers temps, après avoir assisté à l’hégémonie des modèles imposants et robustes, flirtant souvent avec les 44 millimètres de diamètre, l’heure est au rétrécissement. Une tendance observée pour les montres aussi bien féminines que masculines, qu’il soit a priori indétectable comme chez Louis Vuitton, ou bien incontestable, comme on peut le voir dans l’une des nouveautés proposées, cette saison, chez Bell & Ross.
La marque française créée en 1994, spécialiste des instruments de mesure du temps importants, propose son modèle BR-05 dans un format beaucoup plus contenu. Lancé en 40 millimètres en 2019, ce garde-temps atteint les 41 millimètres pour les modèles GMT, et culmine à 42 millimètres pour les versions chronographes. Elle se décline désormais en 36 millimètres de diamètre, le plus petit proposé par le label, sur un bracelet en acier satiné et avec des cadrans aux tonalités apaisées (gris, noir, blanc nacré, bleu glacier).
« La personnalité de la BR-05, que nous souhaitons urbaine, polyvalente et élégante, est de correspondre aux attentes des utilisateurs quotidiens d’une montre sport et chic. Nous avons donc retravaillé son confort sur le poignet, pour que le tombant du bracelet l’épouse encore mieux, quelle que soit la morphologie de la personne. Un autre fondement de notre choix a été de pouvoir ouvrir davantage cette collection aux femmes », explique Bruno Belamich, cofondateur de la marque. Et d’ajouter : « Mais certains hommes se tournent aussi désormais vers des montres moins imposantes qu’auparavant, donc c’est finalement un modèle unisexe. Dans certaines collections, il y a des modèles que je ne porterais pas moi-même, car je les trouve trop gros ou trop lourds au poignet. »
Séduire les femmes sans pour autant négliger les hommes, tel est donc le cahier des charges introduit par ces modèles unisexes. « La taille d’une montre est également quelque chose de culturel. On a beaucoup dit que les Américains aimaient les grosses montres et que les Asiatiques préféraient, eux, les modèles plus petits. Cela s’est longtemps vérifié, mais aujourd’hui on se rend compte que les goûts en la matière se mondialisent de plus en plus », confie Bruno Belamich.
Début octobre, c’est un autre modèle déjà existant qui a subi un léger rétrécissement : le modèle Spirit Pilot Flyback de Longines, proposé initialement dans un boîtier de 42 millimètres de diamètre, a fait son apparition dans les vitrines de la marque avec un boîtier en acier inoxydable de 39,5 millimètres, pour une épaisseur de 13,4 millimètres. Fidèle aux origines aéronautiques de la gamme lancée en 2020, ce modèle s’inspire de la première montre chronographe flyback de la marque, développée au début des années 1930. La fonction flyback permet de mesurer rapidement, et avec facilité, des intervalles de temps consécutifs.
Certains modèles typiquement féminins perdent également quelques millimètres, cette saison. C’est le cas de la STGF387 Hana-Ikada de Grand Seiko, disponible début novembre. Inspirée d’un modèle de 1967, elle est réapparue dans le catalogue de la marque japonaise en 2019. Longtemps proposée en 40 millimètres uniquement, la collection s’est enrichie, en 2024 et en 2025, de déclinaisons mécaniques de 38 et 30 millimètres. Cette saison, elle se décline dans un petit format de 26 millimètres de diamètre. Avec son boîtier et son bracelet en acier, elle dégage une onde poétique, grâce à son cadran rose texturé évoquant la floraison des cerisiers et l’hana-ikada, moment éphémère de l’année où les pétales de fleurs de cerisier recouvrent la surface des rivières.
Chez Jaeger-LeCoultre, c’est l’un des nouveaux modèles de la mythique Reverso qui connaît, cette saison, une réduction de taille. Avec son boîtier de 32,5 millimètres de longueur pour 16,3 millimètres de largeur, la Reverso Classic Monoface Origin partage les mêmes dimensions que la première Reverso pour dames, née en 1931 et pensée spécialement pour les poignets féminins. Elle est aujourd’hui la plus petite de la gamme Reverso, dont la taille standard oscille autour des 40 millimètres de longueur. Il faut remonter à 1984 pour retrouver un autre modèle réduit dans les archives de la maison.
Autre grand classique horloger qui a subi une diminution de taille cet automne : la montre Première de Chanel. Toute première création horlogère de la maison, comme son nom l’indique, elle est née en 1987. Depuis, son cadran reprenant la forme octogonale du bouchon du parfum No 5 n’avait pas bougé : 26,1 millimètres de longueur pour 20 millimètres de largeur. Présenté en septembre sous deux nouvelles formes (avec une chaîne double tour ou un jonc rigide façon galon), son nouveau cadran a été diminué à 19,7 millimètres de longueur et 15,2 millimètres de largeur.
Réduire la taille d’un boîtier ne va pourtant pas sans contraintes : « La réduction des dimensions d’une création représente toujours un défi technique pour les équipes. Dans ce cas, reproduire la chaîne tressée en format miniature tout en préservant sa souplesse, sa résistance et son confort au porté a été une étape majeure du développement », expliquent les équipes de Chanel Horlogerie. Petit, mais costaud.