Invité d’honneur du festival de pop culture Lucca Comics & Games, qui se tenait à Lucques (Italie) jusqu’au 2 novembre, Tetsuo Hara a aussi intégré, lors de sa visite, la collection des autoportraits du célèbre musée de la Galerie des Offices de Florence. Si plus d’une cinquantaine d’autres noms du neuvième art ont déjà été gratifiés de cet honneur depuis 2021, le dessinateur de 64 ans est le premier mangaka à y entrer. Les institutions culturelles toscanes souhaitaient marquer l’importance de cette figure majeure de la BD d’action et d’arts martiaux au Japon, une « légende vivante du manga » qui a contribué à allumer la passion de leurs compatriotes pour la pop culture japonaise, vers la fin des années 1980.
Il en va de même en France, où l’adaptation animée de sa grande œuvre Hokuto no Ken, conçue avec Buronson au scénario et traduite sous le titre Ken le survivant (1983), fait partie des séries télé qui ont fasciné les jeunes spectateurs du programme jeunesse « Club Dorothée » même si le manga a fait couler beaucoup l’encre en raison de sa violence. Situé – à l’époque – dans un futur proche avant l’an 2000, et ravagé par une apocalypse nucléaire, Hokuto no Ken raconte l’épopée salvatrice de Kenshiro, mystérieux artiste martial détenteur du « Hokuto Shinken », une technique fantaisiste inspirée par l’acupuncture chinoise, qui fait exploser l’adversaire en lui atteignant des points vitaux. Bien que Ken ou de plus récents titres, comme Soten no Ken ou Ikusa no Ko. La légende d’Oda Nobunaga, fassent montre d’une grande noirceur, Tetsuo Hara revendique aussi sa part d’espoir : « Avant tout je souhaitais rendre ce que m’avait offert le manga plus jeune en matière de distraction, quand je pleurais de rire devant les mangas de Akatsuka Fujio et que j’en oubliais tous mes problèmes », explique au Monde le mangaka, lors de son séjour à Lucques. « Je n’étais pas doué à l’école, je n’étais pas doué en sport, je n’étais doué en presque rien. J’étais bon pour créer du manga. Et je voulais que mes lecteurs s’amusent et se sentent partie prenante de l’histoire. »