Le paysage de Doropo, petite bourgade ivoirienne située à 12 kilomètres de la frontière burkinabée, dans la Région du Bounkani, se réduit à trois couleurs : le bleu du ciel, le rouge de la terre grasse et, entre les deux, le vert des pâturages qui s’étendent à perte de vue. Un décor paisible qui pourrait faire oublier les scènes qui s’y déroulent parfois : orpaillage clandestin, braquages de véhicules et, surtout, vols de bétail, le cauchemar des populations locales.

Un éleveur au front ridé, qui insiste pour conserver son anonymat, désigne les bœufs maigres qui paissent entre les plants de cacao : « Vous voyez ce troupeau ? Il vaut au moins 20 millions de francs CFA [30 500 euros]. Ce sont des troupeaux comme ça, ou plus grands, de 100, 200 bœufs, qui sont volés et emmenés vers le Burkina Faso. »

Le vol de bétail, qui a doublé dans la zone entre 2023 et 2024, d’après l’Initiative mondiale contre la criminalité transnationale organisée (GI-TOC), ne relève pas de la criminalité ordinaire. Il finance les activités des groupes armés djihadistes qui sévissent dans la région, tels que le Groupe de soutien de l’islam et des musulmans (GSIM), mais aussi celles des supplétifs civils de l’armée burkinabée, les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP). Les uns et les autres terrorisent les populations du Nord-Est ivoirien.

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