Elle arrive, un peu en retard, sur sa Mobylette bleue, pull pailleté et chaussettes assorties pour conjurer la tristesse. Parce que cela fait tout juste un an que son compagnon est mort. Et parce que la série documentaire qu’elle a réalisée sur le suicide du fils de sa meilleure amie, Même pas mort – dans l’émission « Les Pieds sur terre », sur France Culture –, n’a pas, a priori, de quoi lui faire retrouver le sourire. Sauf qu’elle a tatoué « danser encore » sur sa cheville. « Mon amoureux disait qu’il faudrait continuer à danser. Et aussi : “Il faut faire dans la vie.” C’est lui qui m’a aidée à être davantage dans le présent », confie Sophie Simonot, à fleur de larmes. Autant dire une sacrée révolution pour la documentariste sonore, grande prêtresse du passé et de la conservation des traces sonores.
Après l’avoir écoutée si bien tendre le micro aux autres, il était plus que temps de l’écouter elle. Née à Paris il y a 54 ans, Sophie Simonot, c’est d’abord une toute petite voix : « On ne m’entendait pas beaucoup quand j’étais petite, par rapport à mon frère et à ma sœur. D’ailleurs, ils m’avaient acheté un tee-shirt sur lequel était écrit : “Pouce, je parle”. » Après ses études (littérature générale et comparée), elle enchaîne les stages à RFI, avant de travailler pour celui qui est alors pour beaucoup le maître incontesté du son et de la radio engagée, Daniel Mermet, le producteur de l’émission « Là-bas si j’y suis » sur France Inter. Elle y passe ses jours et ses nuits pendant deux ans, avant de participer à la création, en 1997, de la radio Le Mouv’.