« Et toi, c’est quoi, ta pire honte ? » Voilà la question qui parcourt les rangs du public, devant la petite salle de La Reine blanche, à Paris, avant le début du spectacle de Léa Roblot et Elise Roth, précisément intitulé La Honte ! Le temps de patienter, quelques petits carnets déposés sur une table invitent à confier par écrit ses moments les plus embarrassants. C’est, en effet, à partir d’un travail de collecte de témoignages individuels entrepris il y a quelques mois que les deux comédiennes ont commencé l’écriture de leur pièce, en collaboration avec l’auteur, comédien et metteur en scène Mickaël Délis.
Avec l’idée que s’il existe bien un sentiment universellement partagé par tous les êtres humains, c’est celui de la honte, la petite et la grande : du pipi sur les bancs de l’école au bout de salade coincé dans les dents, du lapsus devant un auditoire à la chute dans le métro, en passant par les mémoires familiales transmises de génération en génération (comme le passé collabo du grand-père).
Une fois installés dans la salle, les spectateurs et les spectatrices sont invités par Léa Roblot et Elise Roth, transformées pour l’occasion en deux conférencières, Laurence et Estelle, à partager leurs hontes pour mieux les exorciser. Robe bleu électrique moulante et talons aiguilles démesurément hauts pour Laurence (plutôt Jessica Lange), jean blanc et débardeur assorti pour Estelle (façon Fanny Ardant), maquillage impeccable, cheveux parfaitement coiffés pour les deux, tout est étudié pour renvoyer une image lisse et professionnelle. Le public se croit face à deux expertes en sociologie, venues partager leurs connaissances sur ce sentiment universel, témoignages et statistiques à l’appui.