Ce devait être un des procès de l’année, il aura duré deux jours. A l’issue de deux premières journées d’audience saturées par un tir de barrage des avocats de la défense autour de questions de procédure, la présidente du tribunal correctionnel de Paris, Isabelle Prévost-Desprez, a finalement annoncé, mercredi 5 novembre dans la soirée, que le procès de Lafarge et de ses anciens dirigeants pour « financement du terrorisme » était renvoyé au 18 novembre.
En cause ? Une irrégularité dans l’ordonnance de renvoi concernant l’un des neuf prévenus. Bruno Pescheux est l’ancien directeur de l’usine de Lafarge en Syrie, usine que le cimentier avait persisté à faire tourner en pleine guerre civile, quitte à devoir payer des groupes djihadistes. Cet ancien cadre avait été mis en examen pour une période de prévention courant jusqu’à juillet 2014, date à laquelle il avait quitté ses fonctions, mais il a finalement été renvoyé devant le tribunal pour des faits s’étendant jusqu’en septembre, soit trois mois de plus.
Et cela change tout. Dans leur ordonnance de renvoi, les juges d’instruction ont retenu, parmi les éléments à charge, les « conseils » relatifs au paiement des groupes terroristes qu’il aurait donnés après son départ à son successeur. Or un arrêt de la Cour de cassation de 2024 a considéré qu’une extension de la période de prévention constituait un motif d’irrégularité nécessitant de renvoyer l’ordonnance au parquet, afin que les juges d’instruction la régularisent.