Ces dernières années, la visibilité des hommes et femmes trans ne cesse d’augmenter au sein des images : que ce soit à la faveur de documentaires à visée pédagogique, tentant de sensibiliser le public à une réalité méconnue ou mal comprise (Petite fille, de Sébastien Lifshitz, 2020), ou que ce soit sous la forme de fictions réalistes (A Good Man, de Marie-Castille Mention-Schaar, 2020) ou à l’inverse, purement fantaisistes, comme le récent Emilia Perez, de Jacques Audiard (2024), par ailleurs conspué par la communauté trans. Le spectateur, lui, se sent parfois coincé entre deux tendances : la leçon édifiante et la fantasmagorie qui use du corps trans comme d’un motif purement cinégénique, frôlant le phénomène de mode.
Documentaire suédois d’un peu plus d’une heure, Trans Memoria balaie ces deux tendances : c’est le journal filmé de l’artiste pluridisciplinaire Victoria Verseau, autant qu’un tombeau cinématographique pour une amie, Meril, que la réalisatrice a rencontrée alors que toutes deux se rendaient en Thaïlande pour une vaginoplastie – opération dite de « réaffirmation de genre ». Meril se suicidera trois ans après.