Capuche sur la tête, sept accusés sont amenés par la police militaire, sans entraves, dont certains en uniforme, dans une salle du palais de justice d’Alep. Sept autres, les mains menottées et la tête baissée, suivent à la queue leu leu. Membres des forces de sécurité des nouvelles autorités syriennes et partisans de l’ancien dictateur Bachar Al-Assad sont réunis dans le box des accusés du procès qui s’est ouvert, mardi 18 novembre, dans la métropole du nord de la Syrie, pour juger des crimes commis, du 7 au 9 mars, sur la côte alaouite.
Des affrontements avaient éclaté après la rébellion organisée par d’anciens officiers fidèles à Bachar Al-Assad contre les forces de sécurité dans des villes du littoral. La contre-offensive menée par ces dernières, avec des factions et des volontaires armés, a dégénéré en massacres de civils alaouites, une minorité religieuse dont est issu le clan Al-Assad. Une commission d’enquête gouvernementale a conclu, en juillet, que plus de 1 400 personnes – une majorité de civils et 238 membres des forces de sécurité – ont été tuées.
Dans la salle d’audience, exiguë au vu de l’importance du procès, des dizaines de journalistes, syriens et étrangers, ont pris place sur les bancs, derrière une poignée de familles. « La transparence dont nous sommes témoins dans ce procès est du jamais-vu. Justice sera rendue pour tous les accusés quels que soient leur passé militaire, leur confession ou leur idéologie », promet le porte-parole du ministère de la justice, Baraa Abdel Rahman. « C’est un jalon pour le renforcement de l’Etat de droit. Sans un vrai procès, juste et transparent, nous n’aurons pas la stabilité dans le pays », ajoute-t-il, évoquant le problème du contrôle des armes.