Pour ceux qui n’auraient pas vu passer la vague, il convient de rappeler les faits : adaptation d’une comédie musicale à succès de Broadway qui, depuis vingt ans, se joue à travers le monde, la saga Wicked a contribué à redéfinir les contours du blockbuster. Comme son modèle Barbie (Greta Gerwig, 2023), il est un univers en expansion, surchargé d’affects et de valeurs, rayonnant grâce à sa communauté de fans, et appuyé dans sa conquête par une myriade de produits dérivés et une imparable stratégie digitale : sorti en 2024, le premier volet aura récolté plus de 603 millions d’euros à travers le monde.
Mais le film relève aussi de cette recette aussi vieille qu’Hollywood et qui consiste, en ces temps difficiles, à fournir de l’« escapisme » aux masses : une évasion qui, le temps d’un film, cajole et suspend la réalité. Sur le terrain du divertissement, le premier Wicked remplissait parfaitement son office : mièvre mais drôle, infantile mais talentueux, c’était une irrésistible meringue.
Récit des origines censé précéder Le Magicien d’Oz (Victor Fleming, 1939), il narrait l’amitié naissante à l’université de Shiz entre Elphaba (Cynthia Erivo), jeune fille à la peau verte, et Glinda (Ariana Grande), élève modèle qui ne jure que par le rose bonbon. Leur sororité était bientôt mise à l’épreuve par l’ascension autoritaire du Magicien (Jeff Goldblum) régnant en maître sur le pays d’Oz.