Scarlett Johansson a fêté cette année son quarantième anniversaire. Elle en profite pour signer, comme réalisatrice, un premier long-métrage intitulé Eleanor the Great. Au degré de notoriété, de désirabilité et d’accomplissement atteint par l’actrice, il faut croire que quelque chose de suffisamment puissant l’animait pour l’inciter à un exercice où elle aurait, pouvait-on craindre, plus à perdre qu’à gagner. Qu’y avait-il à espérer, par ailleurs, du regard porté sur le monde par une star hollywoodienne, soit quelqu’un qui par essence ne conserve qu’un rapport assez mince au monde tel qu’il est plutôt que tel qu’on le rêve ?
A tous ces égards, signe d’une intelligence en action, Eleanor the Great surprendra. Le film raconte l’histoire d’Eleanor Morgenstein, nonagénaire américaine pimpante qui perd sa plus proche amie, une rescapée de la Shoah, avec qui elle cohabitait. Dévastée, elle décide de quitter la Floride pour être hébergée chez sa fille et son petit-fils, dont elle s’était éloignée. Joie mesurée pour la première, qui ne va pas très bien dans sa vie, et qui songe à mettre au plus vite sa mère – dont le naturel rentre-dedans lui crée des bouffées d’angoisse – dans une résidence pour seniors autonomes. Ce que refuse aussi sec Eleanor.