Le livre aurait pu s’intituler Héritage, comme celui de Benno von Archimboldi dans 2666, de Roberto Bolaño (éd. Christian Bourgois, 2008) : « Roman de plus de 500 pages, empli de ratures et d’ajouts, de notes prolixes et souvent illisibles en bas de page. » Il aurait également pu s’appeler Il Romanzo di una cucitrice (« le roman d’une couturière »), comme le tableau d’Umberto Boccioni (1908) représentant une jeune femme lisant devant sa machine à coudre.

Héritage aurait mis l’accent sur un livre fait de livres et sur les lectures gargantuesques de l’auteur, sur son érudition littéraire, cinématographique, historique, sur le genre essayiste du volume. Alain Ferry, comme Bolaño, a beaucoup lu, annoté, ingurgité, il est un homme épais de citations, pétri de cultures hautes et basses, savantes et vulgaires, mais, comme chez Bolaño encore, le produit de cet immense bagage n’en est pas moins un récit. Le titre Roman d’une couturière aurait insisté sur l’histoire qu’Alain Ferry laisse filtrer du prodigieux bouillon de culture qu’il a concocté dans 26, rue Desaix, l’adresse de sa tante, couturière à Bône, en Algérie, aujourd’hui Annaba. Il a été pensionnaire chez elle durant ses années au lycée Saint-Augustin, le premier de sa famille à accéder aux études (plus tard, le lycée Henri-IV et l’agrégation de lettres classiques, pour un parfait produit de la méritocratie républicaine, très efficace dans l’Algérie coloniale).

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