Son grand-père, Elie Péju, était compagnon de la Libération. Sa mère, membre du réseau FrancTireur, avait reçu la médaille de la Résistance. Des circonstances dans lesquelles son père, Raymond, avait perdu une jambe « pendant la guerre » on ne parlait cependant jamais dans la famille de Pierre Péju, né à Lyon en 1946. Nourrie d’autant de récits héroïques que de secrets, son imagination d’enfant a vite trouvé dans les livres l’espace où se déployer. Et, dans l’écriture, le moyen de percer les mystères que recouvrent les silences de sa famille. Façon de redonner consistance à une époque qu’il n’a pas connue. A ses disparus. Et à la façon dont les non-dits s’inscrivent dans la mémoire et dans la vie de ceux qui viennent après eux.
« Comment parler de la guerre quand on a eu la chance, comme moi, de ne connaître que la paix ?, se demande-t-il dans Echappées. Enfin, jusqu’à maintenant. Puisque la guerre, il faut y avoir été. Il faut l’avoir faite ou endurée. » D’autant que, selon lui, « la guerre ne s’écrit pas, n’a pas de texte, même pour ceux qui l’ont connue ou faite, (…) il n’en subsiste, plus tard, que des blocs de souvenirs, des récits difformes, détachés les uns des autres. »