N’en déplaise aux amateurs de vérités alternatives, la crise climatique est une donnée incontestable, à laquelle une nouvelle COP tente d’apporter des solutions. Sans inflexion rapide, le réchauffement de la planète se dirige vers + 3 °C d’ici à la fin du siècle. Même TotalEnergies convient, cyniquement, que l’objectif de + 2 °C est d’ores et déjà hors d’atteinte, tandis que la Cour des comptes alerte sur « le coût de la transition, bien inférieur à celui de l’inaction, [qui] va croître avec le retard pris dans la conduite des transformations ».
Les conséquences économiques et géopolitiques déjà importantes seront considérables, voire insupportables, pour nos sociétés : désorganisation des chaînes de valeur, hausse des coûts de l’énergie, tensions sur les ressources et les mouvements de population, perte de compétitivité pour les pays les plus dépendants, augmentation de la pauvreté et des fragilités. Si l’inertie du système Terre rend les dégâts irréparables à l’échelle humaine, il est encore temps d’agir pour stopper le réchauffement et s’adapter à un climat dégradé pour autant que chaque acteur prenne sans attendre ses responsabilités.
La Cour des comptes a récemment pointé le faible engagement du système d’enseignement supérieur et de recherche français sur les enjeux climatiques. Comme si l’urgence climatique était une question périphérique largement réservée aux acteurs historiques, comme les contributeurs au Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. Comme si nous, chercheurs, attendions que la solution vienne d’ailleurs. Si quelques actions de formation et de recherche existent, elles sont plus proches du greenwashing que de l’action réelle, loin de la mobilisation qu’exige un enjeu crucial et urgent.
Face à cette réalité, la France doit réexaminer radicalement la manière dont elle mobilise sa recherche publique, et nous, scientifiques, avons les moyens d’engager ce réexamen. Le sujet n’est pas seulement scientifique : il est stratégique. La question est simple : à l’heure où les Etats-Unis se détournent des enjeux climatiques, peut-on transformer une menace en une opportunité, comme l’histoire des crises majeures a pu parfois nous le montrer ?