Ils sont 21 assis sur le banc des accusés. Ce 20 novembre 1945, à Nuremberg, ville de Bavière symbole du nazisme et passée sous contrôle américain, commence le procès d’une poignée de dignitaires du IIIe Reich. Parmi eux figurent Hermann Göring, le créateur de la Gestapo et plus haut responsable nazi encore vivant, ou Joachim von Ribbentrop, le ministre des affaires étrangères du régime. A l’issue des débats, en octobre 1946, 12 sont condamnés à mort.
Quatre-vingts ans plus tard, l’historienne Sylvie Lindeperg, autrice de Nuremberg, la bataille des images (Payot, 2021), décrit la genèse, le déroulement et le legs de ce procès « fondateur » pour la justice internationale, tout en rappelant que « le mot “génocide” n’est pratiquement jamais prononcé dans la salle d’audience ».
Ce moment fondateur met fin à l’impunité des chefs d’Etat pour des crimes commis dans le cadre de leurs fonctions. C’est la première fois dans l’histoire que les dirigeants d’un Etat vaincu sont traduits devant une cour de justice internationale. Nuremberg définit des chefs d’inculpation et des crimes nouveaux, dont le « crime contre l’humanité », qui vise « l’assassinat, l’extermination, la réduction en esclavage, la déportation » de populations civiles.