Il s’agit de l’une des journées les plus meurtrières dans la bande de Gaza depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, le 10 octobre. Des frappes aériennes israéliennes sur l’enclave palestinienne ont tué vingt-sept personnes, mercredi 19 novembre, selon les autorités locales. Israël et le Hamas s’accusent mutuellement d’avoir violé la trêve.
L’Etat hébreu a également mené, mercredi, des frappes dans le sud du Liban, après avoir lancé des appels à évacuer. L’armée israélienne a dit viser le mouvement islamiste Hezbollah qu’elle accuse de se réarmer en violation du cessez-le-feu en vigueur à sa frontière Nord depuis bientôt un an.
Selon la défense civile de la bande de Gaza, organisation de premiers secours opérant sous l’autorité du Hamas, quatorze personnes ont été tuées mercredi dans la ville de Gaza, et treize dans la région de Khan Younès. Deux hôpitaux contactés par l’Agence France-Presse (AFP) ont confirmé ce bilan. Toujours d’après la défense civile, qui ne fait jamais état de combattants tués, parmi les victimes figurent un couple et ses trois enfants à Gaza, et deux mineurs à Khan Younès. Le porte-parole de l’organisation, Mahmoud Bassal, est apparu dans une vidéo exhibant les corps de trois jeunes enfants.
L’armée israélienne a affirmé « frapper des cibles terroristes du Hamas dans toute la bande de Gaza » en riposte à des tirs « en direction de la zone où [ses] soldats opèrent à Khan Younès ». Ces tirs n’ont fait aucun blessé, a précisé l’armée, mais constituent « une violation de l’accord de cessez-le-feu ». Rejetant une « piètre tentative pour justifier (…) des violations qui ne cessent jamais », le Hamas a dénoncé une « escalade dangereuse » et a appelé les Etats-Unis à « exercer une pression immédiate et sérieuse pour [forcer Israël] à respecter le cessez-le-feu ».
Compte tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d’accès sur le terrain, l’AFP n’est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les informations des différentes parties.
« Les bombardements et les morts ont recommencé. Ils ne nous laissent même pas le temps de respirer », déplore auprès de l’AFP Ahraf Abu Sultan, 50 ans, tout juste rentré dans la ville de Gaza pour réparer sa maison détruite après avoir été déplacé un an dans le sud du territoire.
« Il n’y a aucun espoir pour la vie à Gaza », se lamente Nivine Ahmed, déplacée sous une tente à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, évoquant le bruit des explosions, la fumée, les gens qui courent et les sirènes des ambulances.
« Nous n’en pouvons plus, nous voulons que la guerre se termine complètement ou que les passages soient ouverts » pour permettre à la population de fuir, a confié Noha Fathi, déplacée dans le sud de la bande de Gaza.
La trêve a déjà été marquée par plusieurs accès de violences dans le territoire palestinien dévasté par plus de deux ans d’hostilités déclenchées par l’attaque sanglante du Hamas en Israël le 7 octobre 2023. Depuis le 10 octobre de cette année, plus de 300 Palestiniens ont été tués par des frappes ou des tirs israéliens selon le ministère de la santé de Gaza, placé sous l’autorité du Hamas. L’armée israélienne affirme pour sa part ne frapper qu’en riposte à des violations de la trêve.
Les raids israéliens les plus meurtriers ont tué, le 29 octobre, plus de cent Gazaouis, selon la défense civile et des données recueillies par l’AFP auprès de cinq hôpitaux.
L’accord de cessez-le-feu a permis dans sa première phase le retour des vingt derniers otages vivants du 7-Octobre, en échange de la libération de plusieurs centaines de prisonniers palestiniens, et le retour de vingt-cinq corps d’otages morts, sur vingt-huit que le Hamas s’est engagé à rendre. Israël réclame leur remise, en accusant de retard le mouvement islamiste, qui invoque la difficulté de les retrouver dans un territoire noyé sous des tonnes de décombres.
La mise en œuvre de la deuxième phase du plan du président américain, Donald Trump, n’a pas encore été approuvée. Elle prévoit notamment le désarmement du Hamas, la mise en place d’une autorité de transition pour gouverner le territoire et le déploiement d’une force internationale de stabilisation.
Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté, lundi, une résolution pour endosser ce plan Trump, mais le Hamas, écarté de tout rôle dans la gouvernance du territoire et qui refuse de désarmer aux conditions posées par Israël, a dénoncé un texte qui « ne répond pas aux exigences et aux droits politiques et humains » du peuple palestinien.
L’attaque du 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1 221 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP établi à partir de données officielles.
Plus de 69 500 Palestiniens ont été tués par la campagne militaire israélienne de représailles, selon le ministère de la santé de Gaza. Ce dernier, dont les chiffres sont jugés fiables par l’ONU, ne précise pas le nombre de combattants tués mais ses données précisent que plus de la moitié des morts sont des mineurs et des femmes.