Le président brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva, a remis, mercredi 19 novembre, la très sensible question de la sortie des énergies fossiles à l’agenda de la conférence de l’ONU sur le climat, qui se tient dans son pays, à Belem, jusqu’au 21 novembre. Il a insisté pour en faire l’un des acquis de la première COP en Amazonie, tout en prônant le consensus.

« Il faut montrer à la société que nous voulons » sortir de la dépendance aux fossiles, a dit Lula lors d’une conférence de presse. Mais il a aussitôt précisé : « Sans imposer quoi que ce soit à personne, sans fixer de délai, pour que chaque pays puisse décider des choses qu’il peut faire à son rythme, selon ses possibilités ». « Tout doit être fondé sur le consensus », a rappelé Lula. « Nous voulons simplement dire que c’est possible. C’est possible, essayons. »

Le Brésil veut que sa COP30, la première conférence climatique en Amazonie, soit un succès. Et Lula a investi un capital politique important en vue d’un objectif : « infliger une nouvelle défaite aux négationnistes » du climat, selon ses termes en ouverture de la conférence.

Il est arrivé mercredi matin dans la ville fluviale de Belem, aux portes de l’Amazonie, et pendant une journée toute la conférence a été suspendue à ses rencontres avec les différents groupes de pays.

Adoptée sur le principe à Dubaï (Emirats arabes unis) à la COP28, en 2023, la sortie progressive des énergies fossiles ne figure pas à l’agenda officiel des difficiles négociations qui doivent s’achever vendredi soir. Mais Lula avait, avant même la COP30, lors d’un sommet de dirigeants à Belem, quelques jours plus tôt, créé la surprise en appelant à « une feuille de route » pour « surmonter la dépendance aux combustibles fossiles ».

A la conférence, plus de 80 pays réclament aussi une décision qui engagerait les Etats à réellement mettre en place la sortie progressive des énergies fossiles. Mais leur offensive se heurte à l’opposition des pays producteurs de pétrole.

Lula « a clairement dit qu’il voulait que la conférence aboutisse à une feuille de route » sur les énergies fossiles, a confirmé à l’Agence France-Presse Marcio Astrini, du réseau brésilien d’ONG Observatoire du climat, qui a rencontré le chef de l’Etat avec d’autres membres de la société civile. « Cet optimisme doit être reflété dans le texte final », a toutefois insisté l’antenne brésilienne de Greenpeace.

La ministre de l’environnement brésilienne, Marina Silva, qui pousse pour cette idée, s’est elle-même montrée très prudente, alors qu’une partie de la diplomatie de son pays y est hostile : « Je suis sûre que nous avons eu de bonnes réponses, pas des réponses définitives, mais des réponses. » « Nous avons encore beaucoup de chemin à parcourir pour établir des consensus, et je crois au consensus progressif », a-t-elle ajouté.

Lula est revenu à Belem, mercredi, pour peser sur les négociations entrées dans leur dernière ligne droite. Mais il n’a pas dit un mot du contenu des négociations elles-mêmes. Entouré du président de la COP30, André Corrêa do Lago, de Marina Silva et de la première dame Rosangela « Janja » da Silva, il s’est dit à plusieurs reprises « très heureux » de cette COP, donnant l’impression que la conférence s’était déjà achevée – et sur un succès.

Se tournant régulièrement vers son équipe chargée des réseaux sociaux, il a vanté en particulier « la première COP du peuple du monde entier », en référence notamment à une manifestation de dizaines de milliers de personnes, samedi, dans les rues de Belem. Pour la première fois depuis la COP26 à Glasgow (Ecosse) en 2021, la société civile mondiale a pu s’exprimer sans crainte d’arrestations arbitraires.

Mais sur le fond des tractations, le calendrier prévu s’est effondré. Les Brésiliens voulaient avoir un projet d’accord dès mercredi. Il faudra patienter jusqu’à jeudi, sans garantie qu’il convienne aux 194 pays membres de l’accord de Paris et à l’Union européenne. La conférence est supposée prendre fin vendredi soir.

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