A 64 ans, Ngigoro n’avait jamais quitté son île natale de Halmahera, en Indonésie, pour un pays étranger. S’il a parcouru 12 000 kilomètres en avion entre Djakarta et Paris, chaussé pour la première fois des bottines fourrées et enfilé un gros bonnet en laine (« j’ai l’impression d’être dans un frigo »), c’est pour adresser un message à la France et à son président : « S’il vous plaît, stoppez l’extraction de nickel, sinon mon peuple va mourir. » Ngigoro est un ambassadeur. Il porte la voie des Hongana Manyawa, un peuple autochtone d’environ 3 500 personnes dont 500 vivent toujours isolés du monde moderne : « Notre survie est directement liée à celle de la forêt tropicale, mais, aujourd’hui, elle est menacée par Weda Bay. »

Implantée sur une partie du territoire des Hongana Manyawa, l’un des derniers peuples nomades de chasseurs-cueilleurs d’Indonésie, Weda Bay est la plus grande mine de nickel du monde. Elle est exploitée par le groupe français Eramet (dont l’Etat est actionnaire à hauteur de 27 %) et l’entreprise chinoise Tsingshan. Avec des réserves estimées à 2,8 millions de tonnes et les besoins en nickel de la transition énergétique, notamment pour les batteries électriques, Weda Bay tourne à plein régime : 36 millions de tonnes humides ont été produites en 2023, et une demande a été déposée auprès du gouvernement indonésien pour tripler sa production.

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