La fermeture de la pêche durant un mois l’hiver dernier dans le golfe de Gascogne a permis de réduire de 60 % les captures accidentelles de dauphins, selon un rapport publié jeudi 27 novembre. Cette fermeture « est très efficace », a jugé le ministère de la mer lors d’un échange avec la presse, alors qu’elle sera reconduite du 22 janvier au 20 février 2026, pour la troisième année d’affilée.

D’après les données de l’Observatoire Pelagis (CNRS/université de La Rochelle), 1 900 dauphins communs sont morts par capture accidentelle entre le 1er décembre 2024 et le 31 mars 2025 sur la façade Atlantique et la Manche Ouest, contre 4 700 en moyenne par hiver entre 2017 et 2023.

Les scientifiques de Pelagis ont revu leurs chiffres – ils parlaient jusqu’à présent de 6 100 captures accidentelles par hiver en moyenne entre 2017 et 2020 – compte tenu d’une « amélioration des connaissances », a précisé Hélène Peltier, ingénieure de recherche à l’université de La Rochelle.

Le nombre de captures accidentelles est estimé à partir du nombre d’échouages de dauphins présentant des traces d’engins de pêche, mais seule une petite partie des dauphins morts s’échouent sur les côtes, la plupart coulant en mer.

« Cette révision (…) confirme ce que les pêcheurs répètent depuis des années mais elle arrive trop tard. Entre-temps, la filière a dû faire face à des décisions, à des jugements publics et à des difficultés économiques fondées sur des chiffres aujourd’hui réajustés », a déploré dans un communiqué Olivier Le Nézet, président du Comité national des pêches maritimes et des élevages marins.

Les pertes économiques engendrées par ce mois sans pêche s’élèvent pour l’ensemble du secteur, ports et criées compris, à « près de 35 millions [d’euros] », selon le ministère de la mer. L’hiver dernier, 274 navires ont été indemnisés à hauteur de 14,5 millions d’euros pour leur manque à gagner, estimé à 4 320 tonnes de poissons. En incluant une quarantaine d’entreprises de mareyage, les indemnisations totales ont atteint 20 millions d’euros en 2025.

« Les discussions sont en cours pour garantir une indemnisation identique » l’an prochain, a indiqué l’entourage de la ministre déléguée à la mer et à la pêche, Catherine Chabaud. Mais pour Julien Lamothe, directeur de FROM Sud-Ouest (Fonds régional d’organisation du marché du poisson), les conséquences sont aussi « exacerbées » pour les criées, qui ne sont pas indemnisées.

Selon lui, « elles ont des pertes liées à la baisse importante du volume à traiter, avec des charges qui continuent pour assurer un service aux navires toujours en activité ». Interrogé par l’Agence France-Presse, le ministère a affirmé qu’il était « beaucoup trop tôt » pour se prononcer sur une éventuelle fermeture de la pêche en 2027.

Plusieurs dispositifs techniques d’effarouchement sont actuellement testés pour sauvegarder les cétacés sans entraver l’activité : 110 fileyeurs sont équipés de répulsifs acoustiques sur la coque des bateaux et 27 navires testent des balises sur des filets, tandis qu’une centaine de caméras embarquées équipent fileyeurs et chalutiers.

Pour le ministère, « l’hiver 2026 sera extrêmement important » pour « équiper les navires, collecter au plus vite les données et statuer sur la suite ». « Les pêcheurs ont rempli leurs engagements avec sérieux et responsabilité », « ils ont désormais besoin d’une visibilité réelle (…) pour permettre à chacun de se projeter », réclame le président du Comité national des pêches maritimes et des élevages marins.

« On n’est pas des pêcheurs de subventions. L’idée, ce n’est pas de fermer [tous les ans] pour être indemnisés et que le contribuable français paye la double facture », abonde Olivier Mercier, patron de pêche dans le golfe de Gascogne. Pour lui, une réouverture à partir de 2027 est nécessaire pour freiner la « perte des parts de marché, avec des mareyeurs étrangers qui se tournent vers d’autres pays pour s’approvisionner ».

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