A chacun ses tabous politiques sur l’épargne. En France, les fonds de pension sont restés dans les placards, après moult débats opposant répartition et capitalisation. Aux Etats-Unis, l’idéologie se loge dans la gestion financière elle-même. Au cœur de cette querelle infernale entre républicains et démocrates, la manière d’appréhender le dérèglement climatique.
Mercredi 26 novembre, le contrôleur de New York, Brad Lander, un élu démocrate, a ainsi appelé à une remise en jeu des mandats attribués par la métropole à BlackRock, le premier gestionnaire d’actifs mondial, portant sur la gestion de fonds de pension pour 42 milliards de dollars (36 milliards d’euros) de capitaux. Motif de ce désaveu, la firme « n’encourage pas assez les entreprises de son portefeuille à mettre en œuvre des actions concrètes de décarbonation ». Fidelity est également visé.
Certes, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis que, en janvier 2020, Larry Fink, le fondateur et patron de BlackRock, a clamé son intention de mettre le climat au centre de ses processus d’investissement, afin de tenir compte des risques financiers associés à l’intensification des crues, sécheresses et autres incendies. Cette vision, ayant pour corollaire une stigmatisation des énergies fossiles, avait provoqué la colère des républicains. Certains élus avaient accusé, jusque devant les tribunaux, le géant de négliger son devoir fiduciaire.